Vers la démarche de la problématisation philosophique

Depuis le renouvellement du programme de philosophie et la mise en oeuvre du nouveau système d’évaluation, de nouvelles notions procédurales et des “objectifs-noyaux”sont de rigueur dans notre discipline. Le programme de philosophie, devenu notionnel, et le système d’évaluation, devenu formation par compétence, induisent une perspective différente intégrant l’enseignement et l’apprentissage en philosophie.

 

Le paradigme historiciste et doctrinal a cédé la place au paradigme problématisant (M. Tozzi) plus en harmonie avec la notion de compétence. La problématisation philosophique s’avère être une des capacités de base du “philosopher”, acte autonome d’un savoir-penser et d’un savoir-être,“un art de poser les questions dans chaque domaine du savoir et de l’action dans la perspective de l’infini…de l’universel”(D. Lecourt). En effet, ne fut-elle pas le moteur de la pensée, de l’acte philosophique des penseurs à travers l’histoire? N’estelle pas l’exigence fondamentale d’une pensée qui se construit? Il faudrait pour le moins, réhabiliter le statut de la problématisation philosophique, tant sur le plan épistémologique que sur le plan didactique.

Nous pouvons considérer avec Fr. Raffin que la démarche problématique constitue le centre unificateur de tout enseignement, et nous ajoutons tout apprentissage qui se veut philosophique, qu’il s’agisse du cours, de l’étude des textes, des exercices philosophiques ou de la dissertation. Ce qui valide l’enseignement de la philosophie dans les classes terminales, c’est cette démarche problématique, cette activité spécifique de la problématisation. “Constituer en problème les questions que l’expérience propose ou impose à chacun, en saisir le sens, la portée, en supporter la tension, s’efforcer de les résoudre, exigence radicale au coeur d’un enseignement qui se veut philosophique” (Fr. Raffin).Le professeur de philosophie   donc pour mission une tâche pratique dans une démarche singulière que met en oeuvre sa propre pensée des situations. On ne fait pas de la philosophie au lycée si on ne fait que mimer la philosophie. Une simple juxtaposition des doctrines paraît gêner le travail de problématisation: il ne suffit pas de dire aux élèves que tel a pensé de la sorte pour que l’élève commence à penser, ni que tel a problématisé ainsi qu’il saura comment faire.  C’est donc dans la pratique philosophique que les professeurs et les élèves des classes terminales devraient plonger pour donner un sens à l’enseignement /apprentissage.

En raison de sa connotation transversale (tout comme celle des autres capacités du “philosopher”,à savoir la conceptualisation et l’argumentation), et en raison de la confusion et de la diversité de compréhension de ce processus, essayons pour le moment d’expliciter cette activité spécifique de problématisation philosophique à partir de l’organisation de ses éléments fondamentaux :

1- La problématique

C’est le programme de traitement d’une question philosophique, le doute organisé, le jeu de questions, le programme de questionnement élaboré.

C’est en fait, la formulation d’une série de questions ouproposition de nature paradoxale qui soulève un problème de fond. Ce qui est problématique est douteux et ressort de l’ordre du possible; ceci nous échappe et nous conduit à poser des questions sur le mode conditionnel, hypothétique. Cet ensemble de questions posées par une situation ou une proposition particulière et pouvant se résumer par l’une de ces questions considérée plus essentielle, se nomme la problématique. Ce travail de problématisation serait donc l’identification et l’illustration de la difficulté à surmonter et requiert à ce propos des activités fondamentales, à savoir le questionnement, la position du problème philosophique,  l’indication de ses enjeux et l’organisation d’une structure dynamique afin d’expliciter le problème soulevé et d’essayer de le résoudre. Tout se joue dans la problématique, tant elle annonce l’enchaînement et l’articulation d’actes de pensée. Elle suppose ainsi des composantes que nous sommes tenus de définir.

2- La question

C’est un problème particulier, un défi, une incertitude, un manque, une contrariété, d’où le besoin de résoudre ce problème. Mais, sans incertitude,  sans doute, sans interrogation, nous sommes dans la nécessité déterminante et non plus dans la liberté possible. Savoir poser les vraies questions, “c’est libérer l’être du poids de ses déterminations, de l’immédiateté”, du réflexe de la réponse. Il s’agit “d’interroger le conditionnement de notre pensée et de notre être”, de penser l’impensable. Toute proposition serait problématisable, rien n’est acquis. Une différence de nature spécifie la distinction nécessaire entre la question philosophique et les autres types de questions (rhétorique, mathématique, scientifique, technique, pédagogique): c’est la recherche de l’essence, du sens, de la vérité par le recours à des médiations. (Le Ménon de Platon?).Toute proposition n’est qu’une conjecture, une hypothèse qu’il s’agit de cerner, et dont il s’agit de définir le contexte, les limites et l’opérativité, de travailler les conditions de son apparition ou de sa négation. Pour questionner une proposition, nous sommes souvent tenus d’introduire de “nouveaux concepts”, de faire émerger des concepts implicites, outils d’investigation et de vérification. “La problématisation serait peut-être la mise en rapport d’une proposition et d’un nouveau concept, ou le nouvel éclairage que produit un nouveau concept sur une proposition donnée. La formulation d’une problématique est acte de création de concepts.”(Brenifier)

Problématiser la proposition: “l’être humain est libre d’agir comme il le désire”, exprimer le doute est déjà un degré du processus, mais il faut aller plus loin, faire émerger des concepts:

  • La conscience: puis-je être conscient de mes désirs?
  • Le conditionnement: les désirs peuvent-ils être le produit d’un conditionnement?
  • L’être: nos désirs sont-ils toujours conformes à notre être? 
  • La volonté: la volonté doit-elle céder le pas au désir?

Par le biais de ces concepts extérieurs à la proposition initiale, un travail d’approfondissement peut être effectué, montrant le sens, les sens, les glissements de sens, les renversements de sens et les non-sens de la proposition en question. (Brenifier).

Sur le plan pratique, l’élève doit, à partir de l’énoncé compris et analysé, développer et organiser une suite de questions ordonnées, immanentes au sujet, enchaînées logiquement et qui vont préparer le plan de la discussion,  questions importantes devant déboucher sur la position du problème. Il s’agit de mettre en interrogation l’énoncé, même s’il a l’apparence d’une description, d’une affirmation ou d’une simple information. Trouver la question derrière l’énoncé, le doute sous l’affirmation, la difficulté sous l’apparente évidence, interroger les affirmations et les données “dogmatiques”, c’est déjà entamer la procédure philosophique. Le questionnement de l’énoncé est impératif, quelle que soit la forme du sujet ou du texte. Depuis Socrate, il semble être le noyau constitutif de la philosophie. Questionner fait émerger le problème philosophique et prépare la démonstration ultérieure.

3- Le problème

C’est “la question de la question”, l’énigme, l’embarras et l’incertitude, la question fondamentale qui bouscule les évidences, la difficulté essentielle incontournable et non les difficultés partielles et provisoires. Le jeu des questions organisées doit aboutir à ce problème central sous-jacent aux questions. L’analyse du sujet et le questionnement font ainsi émerger quelques questions fondamentales où l’on fera privilégier un problème énigme,“question de la question” véritable fondement philosophique de la discussion. Il y a problème philosophique là où la prise de position manque d’évidence ou simplement de cohérence intellectuelle en raison d’un obstacle qui voile l’intelligibilité de l’objet considéré.

Sur le plan pratique, comment repérer le vrai problème? Un problème philosophique se construit par la remise en question des évidences, par un travail de complexification, par l’analyse des présupposés et des implications, par un travail de dévoilement, de distinctions conceptuelles, un travail rigoureux d’élucidation du sens des mots. Ce n’est pas évident que l’élève puisse l’identifier à l’examen, à moins qu’on n’ait cultivé durantl’année cette capacité à discriminer les idées, cas, exemples, notions, concepts, arguments, questions, problèmes… Cela s’apprend. J’aime citer G. Canguilhem:“La philosophie n’est pas un temple, mais un chantier”. On n’invente que sur la base decompétence. Problématiser, c’est donc identifier le vrai problème, la qualité de la réflexion ultérieure en dépend.

4- L’enjeu

L’élève devrait indiquer l’enjeu d’un énoncé ou d’un texte, associer un jugement de valeur sur l’importance de cet enjeu, sur son poids, son intérêt dans la pensée. L’introduction devrait donc en déterminer le sens et l’enjeu. L’enjeu représente ce que l’on pourrait gagner ou perdre dans l’ordre de la réflexion, si nous répondons de telle façon à telle ou telle question, à tel problème; c’est au niveau de l’enjeu que l’on peut représenter l’importance du problème soulevé, la portée théorique ou pratique d’une réponse donnée de par ses effets et conséquences, l’engagement dans des questions et des axes de réflexion ou de recherche plus ou moins féconds. L’enjeu d’une question est décisif quand cette dernière recouvre des thèmes de réflexion importants. Un énoncé met en jeu des conceptions théoriques, éthiques, politiques, sociales, métaphysiques,  épistémologiques... Cet enjeu doit être déterminé, il faut le dégager d’une analyse des données de l’intitulé. Mais ces données ne sont pas livrées explicitement dans l’énoncé, il faut les chercher en amont du problème philosophique, les extraire, les isoler par la réflexion. Ce sont ces données qui font “remonter aux conditions d’intelligibilité du problème philosophique”(P.Choulet). En pratique, on gagnera à mettre le sujet de l’énoncé en situation, en contexte (une situation historique donnée, par ex.), le renvoyer à un registre ou à un champ (politique, moral, religieux…), cette démarche pourrait ouvrir des horizons pour le repérage des enjeux les plus pertinents du problème

5- La recherche d’une solution

Expliciter le problème philosophique que contient implicitement le sujet désigne l’opération fondamentale de l’exercice, et en essayant de le résoudre, nous apportons à l’exercice une structure efficace se traduisant par un plan de discussion clair et rigoureux. La stratégie de la dissertation sur sujet ou sur texte (tâches toujours en vigueur mais qui pourraient éventuellement être diversifiées plus tard) est commandée dans son élaboration par l’identification de ce problème philosophique qui conduit non à une solution supposée connue,  comme dans un problème scientifique, mais à une résolution prudente, mesurée et non dogmatique à travers une stratégie de recherche. C’est précisément ici et dans cette stratégie que l’élève met à l’épreuve sa pensée autonome et réfléchie, son jugement critique ainsi que son attitude face au problème soulevé et à sa “solution” proposée. Sa production doit résoudre rationnellement leproblème de pensée suscité par le sujet, mais ceci à titre provisoire, car nul traitement n’épuise définitivement le sens du problème philosophique. La résolution d’un problème philosophique ne consiste pas à “résoudre la difficulté”, à se débarrasser du problème, mais à l’éclaircir, à l’éloigner des représentations de l’opinion vers une rationalité conceptuelle, à remplacer la conception dogmatique par une approche problématisante des “savoirs savants philosophiques”. La pensée philosophique est très loin de l’usage dogmatique de la réflexion qui trouve des idées toutes faites, des “solutions réponses”. On ne trouve pas une solution, mais on “travaille à la solution”. Plusieurs réponses sont possibles et jamais définitives, conditionnées par les présupposés, les hypothèses, les définitions, les arguments… Les problèmes philosophiques ne sont donc pas des questions à résoudre, mais des difficultés constitutives de notre être dans le monde. La problématisation est “radicale”, existentielle, et l’énigme ne se résout jamais dans une réponse définitive. Toutefois, à ce niveau, le problème philosophique permet d’organiser la discussion et d’analyser l’ensemble conceptuel envisagé dans un effort de systématisation et trouve ainsi un sens et une “solution” dans le discours de l’élève.

Références:

  • J.Russ, “Qu’est la problématique?”, in Les méthodes en philosophie, A.Colin, Paris, 1992
  • M.Tozzi, “Aider l’opinion à philosopher”, L’Agora, n 13,2002
  • P.Baranger et al., Apprendre à philosopher dans les lycées d’aujourd’hui, CRDP Montpellier, Hachette, Edu, 1992.
  • M.Tozzi, “La Transposition didactique”, L’Agora, n 11, 2001
  • O.Brenifier, “La Problématique”, L’Agora, n 14,2002
  • H.Go, “Faire être le philosopher”, L’Agora, n 14,2002
  • Fr.Raffin, “Lecture problématisante d’un texte philosophique” in Séminaire INRP 1999-2000
  • Fr.Raffin, “A quelles conditions une discussion est-elle philosophique?”, in Colloque sur Les Pratiques de discussion à visée philosophique,  2003.
  •  D.Lecourt, A quoi sert donc la philosophie? P.U.F, Delta, 1996.- P.Choulet et al., Méthodologie Philosophique,P.U.F., 1992.

 

 

 

Vers la démarche de la problématisation philosophique

Depuis le renouvellement du programme de philosophie et la mise en oeuvre du nouveau système d’évaluation, de nouvelles notions procédurales et des “objectifs-noyaux”sont de rigueur dans notre discipline. Le programme de philosophie, devenu notionnel, et le système d’évaluation, devenu formation par compétence, induisent une perspective différente intégrant l’enseignement et l’apprentissage en philosophie.

 

Le paradigme historiciste et doctrinal a cédé la place au paradigme problématisant (M. Tozzi) plus en harmonie avec la notion de compétence. La problématisation philosophique s’avère être une des capacités de base du “philosopher”, acte autonome d’un savoir-penser et d’un savoir-être,“un art de poser les questions dans chaque domaine du savoir et de l’action dans la perspective de l’infini…de l’universel”(D. Lecourt). En effet, ne fut-elle pas le moteur de la pensée, de l’acte philosophique des penseurs à travers l’histoire? N’estelle pas l’exigence fondamentale d’une pensée qui se construit? Il faudrait pour le moins, réhabiliter le statut de la problématisation philosophique, tant sur le plan épistémologique que sur le plan didactique.

Nous pouvons considérer avec Fr. Raffin que la démarche problématique constitue le centre unificateur de tout enseignement, et nous ajoutons tout apprentissage qui se veut philosophique, qu’il s’agisse du cours, de l’étude des textes, des exercices philosophiques ou de la dissertation. Ce qui valide l’enseignement de la philosophie dans les classes terminales, c’est cette démarche problématique, cette activité spécifique de la problématisation. “Constituer en problème les questions que l’expérience propose ou impose à chacun, en saisir le sens, la portée, en supporter la tension, s’efforcer de les résoudre, exigence radicale au coeur d’un enseignement qui se veut philosophique” (Fr. Raffin).Le professeur de philosophie   donc pour mission une tâche pratique dans une démarche singulière que met en oeuvre sa propre pensée des situations. On ne fait pas de la philosophie au lycée si on ne fait que mimer la philosophie. Une simple juxtaposition des doctrines paraît gêner le travail de problématisation: il ne suffit pas de dire aux élèves que tel a pensé de la sorte pour que l’élève commence à penser, ni que tel a problématisé ainsi qu’il saura comment faire.  C’est donc dans la pratique philosophique que les professeurs et les élèves des classes terminales devraient plonger pour donner un sens à l’enseignement /apprentissage.

En raison de sa connotation transversale (tout comme celle des autres capacités du “philosopher”,à savoir la conceptualisation et l’argumentation), et en raison de la confusion et de la diversité de compréhension de ce processus, essayons pour le moment d’expliciter cette activité spécifique de problématisation philosophique à partir de l’organisation de ses éléments fondamentaux :

1- La problématique

C’est le programme de traitement d’une question philosophique, le doute organisé, le jeu de questions, le programme de questionnement élaboré.

C’est en fait, la formulation d’une série de questions ouproposition de nature paradoxale qui soulève un problème de fond. Ce qui est problématique est douteux et ressort de l’ordre du possible; ceci nous échappe et nous conduit à poser des questions sur le mode conditionnel, hypothétique. Cet ensemble de questions posées par une situation ou une proposition particulière et pouvant se résumer par l’une de ces questions considérée plus essentielle, se nomme la problématique. Ce travail de problématisation serait donc l’identification et l’illustration de la difficulté à surmonter et requiert à ce propos des activités fondamentales, à savoir le questionnement, la position du problème philosophique,  l’indication de ses enjeux et l’organisation d’une structure dynamique afin d’expliciter le problème soulevé et d’essayer de le résoudre. Tout se joue dans la problématique, tant elle annonce l’enchaînement et l’articulation d’actes de pensée. Elle suppose ainsi des composantes que nous sommes tenus de définir.

2- La question

C’est un problème particulier, un défi, une incertitude, un manque, une contrariété, d’où le besoin de résoudre ce problème. Mais, sans incertitude,  sans doute, sans interrogation, nous sommes dans la nécessité déterminante et non plus dans la liberté possible. Savoir poser les vraies questions, “c’est libérer l’être du poids de ses déterminations, de l’immédiateté”, du réflexe de la réponse. Il s’agit “d’interroger le conditionnement de notre pensée et de notre être”, de penser l’impensable. Toute proposition serait problématisable, rien n’est acquis. Une différence de nature spécifie la distinction nécessaire entre la question philosophique et les autres types de questions (rhétorique, mathématique, scientifique, technique, pédagogique): c’est la recherche de l’essence, du sens, de la vérité par le recours à des médiations. (Le Ménon de Platon?).Toute proposition n’est qu’une conjecture, une hypothèse qu’il s’agit de cerner, et dont il s’agit de définir le contexte, les limites et l’opérativité, de travailler les conditions de son apparition ou de sa négation. Pour questionner une proposition, nous sommes souvent tenus d’introduire de “nouveaux concepts”, de faire émerger des concepts implicites, outils d’investigation et de vérification. “La problématisation serait peut-être la mise en rapport d’une proposition et d’un nouveau concept, ou le nouvel éclairage que produit un nouveau concept sur une proposition donnée. La formulation d’une problématique est acte de création de concepts.”(Brenifier)

Problématiser la proposition: “l’être humain est libre d’agir comme il le désire”, exprimer le doute est déjà un degré du processus, mais il faut aller plus loin, faire émerger des concepts:

  • La conscience: puis-je être conscient de mes désirs?
  • Le conditionnement: les désirs peuvent-ils être le produit d’un conditionnement?
  • L’être: nos désirs sont-ils toujours conformes à notre être? 
  • La volonté: la volonté doit-elle céder le pas au désir?

Par le biais de ces concepts extérieurs à la proposition initiale, un travail d’approfondissement peut être effectué, montrant le sens, les sens, les glissements de sens, les renversements de sens et les non-sens de la proposition en question. (Brenifier).

Sur le plan pratique, l’élève doit, à partir de l’énoncé compris et analysé, développer et organiser une suite de questions ordonnées, immanentes au sujet, enchaînées logiquement et qui vont préparer le plan de la discussion,  questions importantes devant déboucher sur la position du problème. Il s’agit de mettre en interrogation l’énoncé, même s’il a l’apparence d’une description, d’une affirmation ou d’une simple information. Trouver la question derrière l’énoncé, le doute sous l’affirmation, la difficulté sous l’apparente évidence, interroger les affirmations et les données “dogmatiques”, c’est déjà entamer la procédure philosophique. Le questionnement de l’énoncé est impératif, quelle que soit la forme du sujet ou du texte. Depuis Socrate, il semble être le noyau constitutif de la philosophie. Questionner fait émerger le problème philosophique et prépare la démonstration ultérieure.

3- Le problème

C’est “la question de la question”, l’énigme, l’embarras et l’incertitude, la question fondamentale qui bouscule les évidences, la difficulté essentielle incontournable et non les difficultés partielles et provisoires. Le jeu des questions organisées doit aboutir à ce problème central sous-jacent aux questions. L’analyse du sujet et le questionnement font ainsi émerger quelques questions fondamentales où l’on fera privilégier un problème énigme,“question de la question” véritable fondement philosophique de la discussion. Il y a problème philosophique là où la prise de position manque d’évidence ou simplement de cohérence intellectuelle en raison d’un obstacle qui voile l’intelligibilité de l’objet considéré.

Sur le plan pratique, comment repérer le vrai problème? Un problème philosophique se construit par la remise en question des évidences, par un travail de complexification, par l’analyse des présupposés et des implications, par un travail de dévoilement, de distinctions conceptuelles, un travail rigoureux d’élucidation du sens des mots. Ce n’est pas évident que l’élève puisse l’identifier à l’examen, à moins qu’on n’ait cultivé durantl’année cette capacité à discriminer les idées, cas, exemples, notions, concepts, arguments, questions, problèmes… Cela s’apprend. J’aime citer G. Canguilhem:“La philosophie n’est pas un temple, mais un chantier”. On n’invente que sur la base decompétence. Problématiser, c’est donc identifier le vrai problème, la qualité de la réflexion ultérieure en dépend.

4- L’enjeu

L’élève devrait indiquer l’enjeu d’un énoncé ou d’un texte, associer un jugement de valeur sur l’importance de cet enjeu, sur son poids, son intérêt dans la pensée. L’introduction devrait donc en déterminer le sens et l’enjeu. L’enjeu représente ce que l’on pourrait gagner ou perdre dans l’ordre de la réflexion, si nous répondons de telle façon à telle ou telle question, à tel problème; c’est au niveau de l’enjeu que l’on peut représenter l’importance du problème soulevé, la portée théorique ou pratique d’une réponse donnée de par ses effets et conséquences, l’engagement dans des questions et des axes de réflexion ou de recherche plus ou moins féconds. L’enjeu d’une question est décisif quand cette dernière recouvre des thèmes de réflexion importants. Un énoncé met en jeu des conceptions théoriques, éthiques, politiques, sociales, métaphysiques,  épistémologiques... Cet enjeu doit être déterminé, il faut le dégager d’une analyse des données de l’intitulé. Mais ces données ne sont pas livrées explicitement dans l’énoncé, il faut les chercher en amont du problème philosophique, les extraire, les isoler par la réflexion. Ce sont ces données qui font “remonter aux conditions d’intelligibilité du problème philosophique”(P.Choulet). En pratique, on gagnera à mettre le sujet de l’énoncé en situation, en contexte (une situation historique donnée, par ex.), le renvoyer à un registre ou à un champ (politique, moral, religieux…), cette démarche pourrait ouvrir des horizons pour le repérage des enjeux les plus pertinents du problème

5- La recherche d’une solution

Expliciter le problème philosophique que contient implicitement le sujet désigne l’opération fondamentale de l’exercice, et en essayant de le résoudre, nous apportons à l’exercice une structure efficace se traduisant par un plan de discussion clair et rigoureux. La stratégie de la dissertation sur sujet ou sur texte (tâches toujours en vigueur mais qui pourraient éventuellement être diversifiées plus tard) est commandée dans son élaboration par l’identification de ce problème philosophique qui conduit non à une solution supposée connue,  comme dans un problème scientifique, mais à une résolution prudente, mesurée et non dogmatique à travers une stratégie de recherche. C’est précisément ici et dans cette stratégie que l’élève met à l’épreuve sa pensée autonome et réfléchie, son jugement critique ainsi que son attitude face au problème soulevé et à sa “solution” proposée. Sa production doit résoudre rationnellement leproblème de pensée suscité par le sujet, mais ceci à titre provisoire, car nul traitement n’épuise définitivement le sens du problème philosophique. La résolution d’un problème philosophique ne consiste pas à “résoudre la difficulté”, à se débarrasser du problème, mais à l’éclaircir, à l’éloigner des représentations de l’opinion vers une rationalité conceptuelle, à remplacer la conception dogmatique par une approche problématisante des “savoirs savants philosophiques”. La pensée philosophique est très loin de l’usage dogmatique de la réflexion qui trouve des idées toutes faites, des “solutions réponses”. On ne trouve pas une solution, mais on “travaille à la solution”. Plusieurs réponses sont possibles et jamais définitives, conditionnées par les présupposés, les hypothèses, les définitions, les arguments… Les problèmes philosophiques ne sont donc pas des questions à résoudre, mais des difficultés constitutives de notre être dans le monde. La problématisation est “radicale”, existentielle, et l’énigme ne se résout jamais dans une réponse définitive. Toutefois, à ce niveau, le problème philosophique permet d’organiser la discussion et d’analyser l’ensemble conceptuel envisagé dans un effort de systématisation et trouve ainsi un sens et une “solution” dans le discours de l’élève.

Références:

  • J.Russ, “Qu’est la problématique?”, in Les méthodes en philosophie, A.Colin, Paris, 1992
  • M.Tozzi, “Aider l’opinion à philosopher”, L’Agora, n 13,2002
  • P.Baranger et al., Apprendre à philosopher dans les lycées d’aujourd’hui, CRDP Montpellier, Hachette, Edu, 1992.
  • M.Tozzi, “La Transposition didactique”, L’Agora, n 11, 2001
  • O.Brenifier, “La Problématique”, L’Agora, n 14,2002
  • H.Go, “Faire être le philosopher”, L’Agora, n 14,2002
  • Fr.Raffin, “Lecture problématisante d’un texte philosophique” in Séminaire INRP 1999-2000
  • Fr.Raffin, “A quelles conditions une discussion est-elle philosophique?”, in Colloque sur Les Pratiques de discussion à visée philosophique,  2003.
  •  D.Lecourt, A quoi sert donc la philosophie? P.U.F, Delta, 1996.- P.Choulet et al., Méthodologie Philosophique,P.U.F., 1992.

 

 

 

Vers la démarche de la problématisation philosophique

Depuis le renouvellement du programme de philosophie et la mise en oeuvre du nouveau système d’évaluation, de nouvelles notions procédurales et des “objectifs-noyaux”sont de rigueur dans notre discipline. Le programme de philosophie, devenu notionnel, et le système d’évaluation, devenu formation par compétence, induisent une perspective différente intégrant l’enseignement et l’apprentissage en philosophie.

 

Le paradigme historiciste et doctrinal a cédé la place au paradigme problématisant (M. Tozzi) plus en harmonie avec la notion de compétence. La problématisation philosophique s’avère être une des capacités de base du “philosopher”, acte autonome d’un savoir-penser et d’un savoir-être,“un art de poser les questions dans chaque domaine du savoir et de l’action dans la perspective de l’infini…de l’universel”(D. Lecourt). En effet, ne fut-elle pas le moteur de la pensée, de l’acte philosophique des penseurs à travers l’histoire? N’estelle pas l’exigence fondamentale d’une pensée qui se construit? Il faudrait pour le moins, réhabiliter le statut de la problématisation philosophique, tant sur le plan épistémologique que sur le plan didactique.

Nous pouvons considérer avec Fr. Raffin que la démarche problématique constitue le centre unificateur de tout enseignement, et nous ajoutons tout apprentissage qui se veut philosophique, qu’il s’agisse du cours, de l’étude des textes, des exercices philosophiques ou de la dissertation. Ce qui valide l’enseignement de la philosophie dans les classes terminales, c’est cette démarche problématique, cette activité spécifique de la problématisation. “Constituer en problème les questions que l’expérience propose ou impose à chacun, en saisir le sens, la portée, en supporter la tension, s’efforcer de les résoudre, exigence radicale au coeur d’un enseignement qui se veut philosophique” (Fr. Raffin).Le professeur de philosophie   donc pour mission une tâche pratique dans une démarche singulière que met en oeuvre sa propre pensée des situations. On ne fait pas de la philosophie au lycée si on ne fait que mimer la philosophie. Une simple juxtaposition des doctrines paraît gêner le travail de problématisation: il ne suffit pas de dire aux élèves que tel a pensé de la sorte pour que l’élève commence à penser, ni que tel a problématisé ainsi qu’il saura comment faire.  C’est donc dans la pratique philosophique que les professeurs et les élèves des classes terminales devraient plonger pour donner un sens à l’enseignement /apprentissage.

En raison de sa connotation transversale (tout comme celle des autres capacités du “philosopher”,à savoir la conceptualisation et l’argumentation), et en raison de la confusion et de la diversité de compréhension de ce processus, essayons pour le moment d’expliciter cette activité spécifique de problématisation philosophique à partir de l’organisation de ses éléments fondamentaux :

1- La problématique

C’est le programme de traitement d’une question philosophique, le doute organisé, le jeu de questions, le programme de questionnement élaboré.

C’est en fait, la formulation d’une série de questions ouproposition de nature paradoxale qui soulève un problème de fond. Ce qui est problématique est douteux et ressort de l’ordre du possible; ceci nous échappe et nous conduit à poser des questions sur le mode conditionnel, hypothétique. Cet ensemble de questions posées par une situation ou une proposition particulière et pouvant se résumer par l’une de ces questions considérée plus essentielle, se nomme la problématique. Ce travail de problématisation serait donc l’identification et l’illustration de la difficulté à surmonter et requiert à ce propos des activités fondamentales, à savoir le questionnement, la position du problème philosophique,  l’indication de ses enjeux et l’organisation d’une structure dynamique afin d’expliciter le problème soulevé et d’essayer de le résoudre. Tout se joue dans la problématique, tant elle annonce l’enchaînement et l’articulation d’actes de pensée. Elle suppose ainsi des composantes que nous sommes tenus de définir.

2- La question

C’est un problème particulier, un défi, une incertitude, un manque, une contrariété, d’où le besoin de résoudre ce problème. Mais, sans incertitude,  sans doute, sans interrogation, nous sommes dans la nécessité déterminante et non plus dans la liberté possible. Savoir poser les vraies questions, “c’est libérer l’être du poids de ses déterminations, de l’immédiateté”, du réflexe de la réponse. Il s’agit “d’interroger le conditionnement de notre pensée et de notre être”, de penser l’impensable. Toute proposition serait problématisable, rien n’est acquis. Une différence de nature spécifie la distinction nécessaire entre la question philosophique et les autres types de questions (rhétorique, mathématique, scientifique, technique, pédagogique): c’est la recherche de l’essence, du sens, de la vérité par le recours à des médiations. (Le Ménon de Platon?).Toute proposition n’est qu’une conjecture, une hypothèse qu’il s’agit de cerner, et dont il s’agit de définir le contexte, les limites et l’opérativité, de travailler les conditions de son apparition ou de sa négation. Pour questionner une proposition, nous sommes souvent tenus d’introduire de “nouveaux concepts”, de faire émerger des concepts implicites, outils d’investigation et de vérification. “La problématisation serait peut-être la mise en rapport d’une proposition et d’un nouveau concept, ou le nouvel éclairage que produit un nouveau concept sur une proposition donnée. La formulation d’une problématique est acte de création de concepts.”(Brenifier)

Problématiser la proposition: “l’être humain est libre d’agir comme il le désire”, exprimer le doute est déjà un degré du processus, mais il faut aller plus loin, faire émerger des concepts:

  • La conscience: puis-je être conscient de mes désirs?
  • Le conditionnement: les désirs peuvent-ils être le produit d’un conditionnement?
  • L’être: nos désirs sont-ils toujours conformes à notre être? 
  • La volonté: la volonté doit-elle céder le pas au désir?

Par le biais de ces concepts extérieurs à la proposition initiale, un travail d’approfondissement peut être effectué, montrant le sens, les sens, les glissements de sens, les renversements de sens et les non-sens de la proposition en question. (Brenifier).

Sur le plan pratique, l’élève doit, à partir de l’énoncé compris et analysé, développer et organiser une suite de questions ordonnées, immanentes au sujet, enchaînées logiquement et qui vont préparer le plan de la discussion,  questions importantes devant déboucher sur la position du problème. Il s’agit de mettre en interrogation l’énoncé, même s’il a l’apparence d’une description, d’une affirmation ou d’une simple information. Trouver la question derrière l’énoncé, le doute sous l’affirmation, la difficulté sous l’apparente évidence, interroger les affirmations et les données “dogmatiques”, c’est déjà entamer la procédure philosophique. Le questionnement de l’énoncé est impératif, quelle que soit la forme du sujet ou du texte. Depuis Socrate, il semble être le noyau constitutif de la philosophie. Questionner fait émerger le problème philosophique et prépare la démonstration ultérieure.

3- Le problème

C’est “la question de la question”, l’énigme, l’embarras et l’incertitude, la question fondamentale qui bouscule les évidences, la difficulté essentielle incontournable et non les difficultés partielles et provisoires. Le jeu des questions organisées doit aboutir à ce problème central sous-jacent aux questions. L’analyse du sujet et le questionnement font ainsi émerger quelques questions fondamentales où l’on fera privilégier un problème énigme,“question de la question” véritable fondement philosophique de la discussion. Il y a problème philosophique là où la prise de position manque d’évidence ou simplement de cohérence intellectuelle en raison d’un obstacle qui voile l’intelligibilité de l’objet considéré.

Sur le plan pratique, comment repérer le vrai problème? Un problème philosophique se construit par la remise en question des évidences, par un travail de complexification, par l’analyse des présupposés et des implications, par un travail de dévoilement, de distinctions conceptuelles, un travail rigoureux d’élucidation du sens des mots. Ce n’est pas évident que l’élève puisse l’identifier à l’examen, à moins qu’on n’ait cultivé durantl’année cette capacité à discriminer les idées, cas, exemples, notions, concepts, arguments, questions, problèmes… Cela s’apprend. J’aime citer G. Canguilhem:“La philosophie n’est pas un temple, mais un chantier”. On n’invente que sur la base decompétence. Problématiser, c’est donc identifier le vrai problème, la qualité de la réflexion ultérieure en dépend.

4- L’enjeu

L’élève devrait indiquer l’enjeu d’un énoncé ou d’un texte, associer un jugement de valeur sur l’importance de cet enjeu, sur son poids, son intérêt dans la pensée. L’introduction devrait donc en déterminer le sens et l’enjeu. L’enjeu représente ce que l’on pourrait gagner ou perdre dans l’ordre de la réflexion, si nous répondons de telle façon à telle ou telle question, à tel problème; c’est au niveau de l’enjeu que l’on peut représenter l’importance du problème soulevé, la portée théorique ou pratique d’une réponse donnée de par ses effets et conséquences, l’engagement dans des questions et des axes de réflexion ou de recherche plus ou moins féconds. L’enjeu d’une question est décisif quand cette dernière recouvre des thèmes de réflexion importants. Un énoncé met en jeu des conceptions théoriques, éthiques, politiques, sociales, métaphysiques,  épistémologiques... Cet enjeu doit être déterminé, il faut le dégager d’une analyse des données de l’intitulé. Mais ces données ne sont pas livrées explicitement dans l’énoncé, il faut les chercher en amont du problème philosophique, les extraire, les isoler par la réflexion. Ce sont ces données qui font “remonter aux conditions d’intelligibilité du problème philosophique”(P.Choulet). En pratique, on gagnera à mettre le sujet de l’énoncé en situation, en contexte (une situation historique donnée, par ex.), le renvoyer à un registre ou à un champ (politique, moral, religieux…), cette démarche pourrait ouvrir des horizons pour le repérage des enjeux les plus pertinents du problème

5- La recherche d’une solution

Expliciter le problème philosophique que contient implicitement le sujet désigne l’opération fondamentale de l’exercice, et en essayant de le résoudre, nous apportons à l’exercice une structure efficace se traduisant par un plan de discussion clair et rigoureux. La stratégie de la dissertation sur sujet ou sur texte (tâches toujours en vigueur mais qui pourraient éventuellement être diversifiées plus tard) est commandée dans son élaboration par l’identification de ce problème philosophique qui conduit non à une solution supposée connue,  comme dans un problème scientifique, mais à une résolution prudente, mesurée et non dogmatique à travers une stratégie de recherche. C’est précisément ici et dans cette stratégie que l’élève met à l’épreuve sa pensée autonome et réfléchie, son jugement critique ainsi que son attitude face au problème soulevé et à sa “solution” proposée. Sa production doit résoudre rationnellement leproblème de pensée suscité par le sujet, mais ceci à titre provisoire, car nul traitement n’épuise définitivement le sens du problème philosophique. La résolution d’un problème philosophique ne consiste pas à “résoudre la difficulté”, à se débarrasser du problème, mais à l’éclaircir, à l’éloigner des représentations de l’opinion vers une rationalité conceptuelle, à remplacer la conception dogmatique par une approche problématisante des “savoirs savants philosophiques”. La pensée philosophique est très loin de l’usage dogmatique de la réflexion qui trouve des idées toutes faites, des “solutions réponses”. On ne trouve pas une solution, mais on “travaille à la solution”. Plusieurs réponses sont possibles et jamais définitives, conditionnées par les présupposés, les hypothèses, les définitions, les arguments… Les problèmes philosophiques ne sont donc pas des questions à résoudre, mais des difficultés constitutives de notre être dans le monde. La problématisation est “radicale”, existentielle, et l’énigme ne se résout jamais dans une réponse définitive. Toutefois, à ce niveau, le problème philosophique permet d’organiser la discussion et d’analyser l’ensemble conceptuel envisagé dans un effort de systématisation et trouve ainsi un sens et une “solution” dans le discours de l’élève.

Références:

  • J.Russ, “Qu’est la problématique?”, in Les méthodes en philosophie, A.Colin, Paris, 1992
  • M.Tozzi, “Aider l’opinion à philosopher”, L’Agora, n 13,2002
  • P.Baranger et al., Apprendre à philosopher dans les lycées d’aujourd’hui, CRDP Montpellier, Hachette, Edu, 1992.
  • M.Tozzi, “La Transposition didactique”, L’Agora, n 11, 2001
  • O.Brenifier, “La Problématique”, L’Agora, n 14,2002
  • H.Go, “Faire être le philosopher”, L’Agora, n 14,2002
  • Fr.Raffin, “Lecture problématisante d’un texte philosophique” in Séminaire INRP 1999-2000
  • Fr.Raffin, “A quelles conditions une discussion est-elle philosophique?”, in Colloque sur Les Pratiques de discussion à visée philosophique,  2003.
  •  D.Lecourt, A quoi sert donc la philosophie? P.U.F, Delta, 1996.- P.Choulet et al., Méthodologie Philosophique,P.U.F., 1992.