L'enseignement de la traduction au Liban
L’enseignement de la traduction au Liban
Le Liban a connu et pratiqué la traduction assez tôt dans l’histoire de la pensée humaine. Sa vocation séculaire de terre de rencontre et de dialogue trouve dans la traduction une voie de réalisation idéale. Cette adéquation entre la vocation du Liban et la philosophie profonde de la traduction n’arrive pas à surmonter, cependant, toutes les difficultés qui entravent l’enseignement de cette discipline.
I- Notice historique
Les historiens sont unanimes à reconnaître aux ancêtres syriaques des Libanais le mérite d’avoir traduit, notamment au temps des Abbassides, une grande partie du patrimoine grec en syriaque et en arabe. La correspondance des patriarches maronites avec les autorités de l’Eglise romaine atteste, à une époque plus tardive, la volonté d’établir des échanges culturels entre les deux parties pour qu’elles puissent communiquer sans recourir à des interprètes étrangers. Bien plus, à partir de 1584, les anciens du Collège maronite de Rome servent de traducteurs et d’interprètes dans les cours d’Europe, traduisent de et vers l’arabe, en Orient et en Occident, et enseignent les langues étrangères aux enfants de leur pays. Au XIXe siècle et durant la première moitié du XXe, des écrivains et des savants libanais traduisent en arabe des pièces de théâtre, des ouvrages scientifiques et d’autres littéraires, voire poétiques, à partir des langues occidentales, ce qui inaugure un mouvement culturel dénommé la renaissance arabe.
Au cours du XXe siècle, avec l’instauration du baccalauréat libanais, les épreuves officielles comprenaient dans la série littéraire une composition de traduction vers l’arabe à partir de langues occidentales comme le français, l’anglais ou l’allemand, et inversement. Dans la série des langues anciennes, ces épreuves comprenaient des compositions de thème et de version à partir du grec, du latin et du syriaque, vers l’arabe, le français ou l’anglais, et inversement. Une première réforme des programmes, entreprise en 1970, met terme à la série des langues anciennes. Cette réforme ne tarde pas à avoir des répercussions sur l’enseignement de la traduction. Selon un spécialiste de la traduction, Dr Joseph Michel Chraim, « l’enseignement de la traduction - en tant que discipline scolaire et universitaire- a vu le jour effectivement après que les langues anciennes, notamment les deux fameux exercices de thème et de version en grec, en latin et en syriaque- n’étaient plus systématiquement enseignées dans les grandes écoles privées, et que les éducateurs ont pris conscience de l’importance capitale pour les élèves et les étudiants de s’adonner à « cette gymnastique de l’esprit », à travers la « traduction », lieu privilégié de la comparaison de deux systèmes linguistiques différents, en l’occurrence le français et l’arabe ».
La dernière réforme des programmes en vertu du décret numéro 10227, du 8 mai 1997, entreprend de moderniser l’enseignement au Liban. En cherchant à satisfaire les besoins du marché du travail, cette réforme ne pouvait que tenir compte de la traduction. « Le Centre de Recherche et de Développement Pédagogiques (CRDP), qui a pris à sa charge la mise au point des nouveaux programmes scolaires, a décidé d’instaurer l’enseignement de la traduction non en première année seulement, mais en deuxième et troisième années du cycle secondaire et dans toutes les séries littéraire, scientifique et économique du baccalauréat » (Ibid.).
Enseigner la traduction nécessite naturellement d’élaborer des manuels adéquats qui tiennent compte d’objectifs spécifiques sur les plans linguistique, intellectuel, culturel et humain, et qui contribuent à la formation des compétences requises pour bien traduire. A la lumière du décret officiel des programmes, concernant les objectifs spécifiques de la traduction, l’élève devrait être capable de:
1- Traduire les formes morphologiques, les structures syntaxiques et les expressions figées les plus usuelles des deux systèmes linguistiques.
2- Traduire des textes énonciatifs clairs et simples, ainsi que des textes plus suggestifs, aux images et au contenu accessibles.
3- Transposer les figures et les images les plus courantes.
Dans la perspective d’un tel enseignement de la traduction, l’élève devrait:
A- Sur le plan linguistique:
1- Parvenir à une compréhension profonde et précise des textes, grâce à la confrontation de deux systèmes linguistiques distincts aussi bien par leurs structures que par leur économie lexicale.
2- Se conformer à la « vision du monde » propre à chacune des deux langues en vue d’une traduction respectant le « génie » de chacune d’elles.
3- Acquérir les compétences linguistiques suffisantes pour passer d’une langue à l’autre, selon les situations et les besoins.
B- Sur le plan intellectuel:
1- Acquérir, grâce à l’exercice de la traduction, la souplesse intellectuelle nécessaire pour manier deux systèmes distincts de pensée et d’expression.
2- Reconnaître les différents procédés de cohérence textuelle (analyse, synthèse, déduction, causalité…) et acquérir la compétence nécessaire pour les transposer selon les exigences de la langue d’arrivée.
3- S’ouvrir sur les différents aspects de la vie et de la culture grâce à la traduction de textes structurellement différents et aux thèmes variés.
C- Sur le plan culturel et humain, l’élève devrait apprendre à:
1- Considérer l’homme, dans l’espace et le temps, comme une valeur intrinsèque sans égard à la diversité des langues, des races et des cultures.
2- Accepter l’Autre et le respecter à travers la compréhension de sa langue et de ses modes de pensée; rejeter tout fanatisme et pratiquer le dialogue et la tolérance comme voie d’accès à la paix individuelle et civile.
3- S’enrichir grâce à une meilleure compréhension de l’autre, de sa langue, de son patrimoine et de ses coutumes.
(Ibid. p. 39-40)
Un pas important était effectué. Désormais, on savait bien ce que l’on voulait. La définition des objectifs et des compétences requises dans ce domaine permettait d’élaborer des manuels susceptibles de les assurer.
II- Application et problèmes
On parvient alors à la phase de l’application qui malheureusement n’a pas, pour autant, résolu les difficultés qui entravent la voie de cet enseignement. Un projet a beau être utile; il lui faut des conditions de réalisation favorables. Le manuel en est une très importante; mais à lui seul, il ne peut assurer le succès du projet. Il est indispensable de garantir à cet enseignement un personnel spécialisé et des élèves dotés des aptitudes
requises, surtout au niveau de la connaissance des langues.
1) Enseignants spécialisés
Il est un problème qui alourdit la fonction publique. Les fonctionnaires y sont désignés selon d’autres critères que ceux de la spécialisation ou de la compétence, ce qui affaiblit le rendement et se répercute sur le système des services publics dans le pays et sur leur efficacité. Le secteur de l’éducation échappait toutefois, au moins partiellement, à ces pratiques illogiques. Dans le cycle secondaire, les enseignements étaient, en effet, désignés en fonction de leur spécialisation; ce qui permettait à chacun d’enseigner sa propre matière, de donner le meilleur de lui-même et d’obtenir des résultats plus ou moins satisfaisants. Cette règle d’or n’a pas prévalu cependant pour la traduction. Selon une ancienne pratique, les enseignants de français et d’arabe étaient chargés d’enseigner respectivement la version et le thème. Ces deux exercices n’étaient pas conçus, en définitive, comme un apprentissage de la traduction, mais plutôt comme des exercices originaux pour enseigner la grammaire de manière comparative.
Si l’on pouvait comprendre l’existence de ce phénomène avant la fondation des diverses écoles de traduction, on ne peut qu’en déplorer la permanence jusqu’à nos jours, en dépit de l’apparition d’une spécialisation particulière dont l’objet est la traduction. Le Directeur de l’Ecole de Traduction et d’Interprétation de Beyrouth (Etib), Dr Henri Oueiss, déplore les agressions continues à l’encontre de la traduction. Il résume en ces termes son intervention dans le cadre du symposium organisé par la Fondation de la Pensée arabe sous le titre: « Le Symposium arabe de la traduction- La traduction dans le monde arabe: réalité et espoir ».
« La traduction essaye de se libérer de la tutelle que lui avaient imposée la linguistique, l’apprentissage des langues étrangères et la philologie. Par cette démarche actuelle, commencée au milieu du siècle dernier, elle désire prendre son indépendance visà-vis des autres disciplines; sans couper toute relation avec ces dernières, elle traite avec elles à pied d’égalité. La traduction met terme, par cette nouvelle démarche, aux « agressions » qui étouffent ses capacités et son rôle, par leurs «ingérences» à son encontre et en son nom. Elle en appelle à la spécialisation et la professionnalisation, par le biais de la formation universitaire au sein des Ecoles de traduction, de leurs Facultés ou de leurs branches. La problématique réside dans la disponibilité du milieu universitaire à accepter cette spécialisation dans sa nouvelle présentation. Il en est de même par rapport à la mentalité de la société qui croit que toute personne qui maîtrise une langue étrangère ou quelques-unes de ses expressions est un traducteur » [La Fondation de la Pensée arabe, Le Symposium arabe de la Traduction, la Traduction dans le Monde arabe: réalité et espoir, Beyrouth, 2005, p.75].
Cette description nous semble très réaliste. La situation est plus grave aujourd’hui qu’elle ne l’était autrefois. Ce qui est frappant, c’est le maintien des attitudes anciennes, comme s’il ne s’était introduit aucune innovation dans le domaine de la traduction. Les responsables de l’enseignement public au cycle secondaire persistent à confier l’enseignement de la traduction sous la forme de version à partir du français ou de l’anglais vers l’arabe, à des enseignants d’arabe; et sous la forme de thème à partir de l’arabe vers le français ou l’anglais, à des enseignants de langue étrangère. Le pire actuellement, c’est de persister à considérer la traduction comme un moyen pour enseigner les langues.
Cela étant, il n’est pas difficile de constater que cette réforme, sans améliorer la maîtrise des langues, ne produit pas les résultats souhaités au niveau de la traduction elle-même. On ne peut certes ignorer les efforts déployés par le CRDP pour suppléer les lacunes. L’élaboration de manuels adéquats requiert des spécialistes qui les utilisent à bon escient. Pour avoir ces spécialistes, il ne suffit pas d’organiser des sessions de formation pour des enseignants spécialisés en d’autres disciplines. La voie la plus courte consiste à recourir à des spécialistes de traduction. Il n’est pas difficile de les recruter vu que des institutions universitaires qualifiées assurent cette formation et en garantissent l’excellence. Les frais n’en seront pas plus élevés du moment que c’est le même nombre d’heures d’enseignement à payer. Il s’agira seulement de savoir prendre des mesures de bonne gestion. Au lieu d’être illusoire et de s’effectuer aux dépens du niveau et du succès du projet, l’épargne pourrait être réelle et le rendement meilleur.
Ce choix indispensable fait, il sera facile d’organiser, en effet, des sessions d’adaptation à ce personnel qualifié. Le temps requis pour parvenir à cette adaptation sera certainement plus court et les efforts plus rentables. Les manuels adéquats pourront aussi être mieux exploités ad hoc et les résultats pourront être plus satisfaisants.
Des enseignants spécialisés sauront rechercher et utiliser les moyens requis par leur métier et en tirer le meilleur profit pour la réalisation des objectifs qu’ils se fixent. Un meilleur enseignement de la traduction dans le cycle secondaire pourrait même orienter les élèves vers des genres plus spécialisés dans le domaine, à savoir les diverses branches de la traduction juridique, économique, technique, scientifique, éditorialiste, littéraire, voire poétique…
2) La connaissance des langues
S’il n’est pas de bon augure de confier l’enseignement de la traduction à des enseignants de langues plutôt qu’à des enseignants de la matière elle-même, on ne peut ignorer l’importance de la connaissance des langues pour réussir en tant que traducteurs. Dans ce domaine aussi, il faudrait appliquer la règle d’or de la spécialisation. Il existe actuellement des spécialistes de littérature, d’autres de linguistique et d’autres pour l’enseignement des langues étrangères. En épargnant à tous ces spécialistes la prise en charge de la traduction, il faudrait choisir parmi eux ceux dont la formation est la plus qualifiée pour l’enseignement des langues étrangères en tant que telles.
Personne ne peut nier la nécessité de maîtriser les langues dans le cadre desquelles on pratique la traduction. Il ne faudrait certes pas voir l’enseignement de la traduction comme une voie royale pour l’enseignement des langues, sans provoquer toutefois une rupture ou une désolidarisation entre les deux domaines. La connaissance des langues est primordiale pour apprendre à traduire. C’est pourquoi la plupart des programmes imposés aux futurs traducteurs comportent des prérequis de compétences linguistiques, sinon des années préparatoires consacrées à l’acquisition d’un niveau de langue indispensable. Sans être suffisante, la connaissance des langues est en effet nécessaire, pour apprendre à traduire. Or la maîtrise des langues envisagée comme l’un des objectifs de la réforme des programmes, est loin d’être atteinte. Pour des raisons que nous ne saurions analyser dans le cadre de cette étude, le niveau des langues laisse toujours à désirer en dépit des efforts fournis pour améliorer la situation.
Cela étant, on comprend pourquoi l’enseignement de la traduction n’aboutit pas et affronte des obstacles quasi insurmontables.
La réforme des programmes a certes cherché à améliorer le niveau des élèves en langues. Pour des raisons variées et complexes, elle n’est pas encore parvenue à réaliser ses objectifs. Dans l’attente d’une telle réalisation, il faudrait combler les lacunes dans le domaine de la maîtrise des langues en recourant à d’autres moyens que ceux de la traduction. Il est nécessaire d’avoir au préalable les compétences linguistiques requises pour pouvoir s’adonner à l’assimilation des compétences de traduction.
3) Une culture d’appui
Pour bien traduire, il faut certes avoir un niveau de langue adéquat; il faut également acquérir une méthode de traduction convenable. Mais le niveau de langue et la méthode convenable ne sont pas les seules conditions nécessaires pour être capable de bien traduire. Une culture riche peut être favorable à l’opération de traduction. La traduction consiste, en effet, à transférer le sens d’un texte d’une langue à l’autre. Ce transfert nécessite la compréhension du texte de départ avant tout autre travail. Or cette compréhension est fonction de la culture que l’on possède. La culture enrichit l’esprit et le rend plus capable de comprendre des notions et des informations nouvelles ou en vogue. Elle aide l’apprenant à être à jour, au diapason du progrès qui s’opère dans le monde; il devient, en conséquence, plus apte à saisir les significations variées que peut recéler un texte.
On comprend pourquoi les différents cursus de formation des traducteurs comportent un ensemble de disciplines culturelles d’appui: des notions de droit, d’économie et de finances, d’autres techniques et scientifiques, d’autres littéraires et poétiques, des informations puisées dans les diverses actualités et les nouveautés… Si les élèves du cycle secondaire réussissent à se doter d’éléments inhérents à cette culture, ils se facilitent la tâche de la traduction. Tel est le défi que doivent relever les élèves pour être à même de comprendre tous les genres de textes anciens ou nouveaux. Ce qui est valable pour les étudiants qui se spécialisent en traduction pourrait l’être, en effet, à juste mesure, pour les élèves du cycle secondaire. Là réside cependant la difficulté. Malgré la part accordée par la réforme des programmes à la promotion de la culture dans les différents cycles de l’enseignement, les résultats sont loin d’être satisfaisants, ce qui prive les apprenants d’importantes ressources qui leur auraient facilité la compréhension des textes avant de les traduire.
4) Le recours à l’informatique
De nos jours, il devient anachronique d’envisager une éducation sans informatique. Cette dernière ne cesse de provoquer des changements radicaux dans tous les domaines. Il est certes permis d’observer les carences culturelles chez la grande majorité des élèves libanais en ces temps où le pays traverse des épreuves existentielles. Il est même permis de déplorer la retombée de ces carences sur le niveau général des études académiques dans le pays, et particulièrement sur la compétence à traduire qui s’en trouve négativement affectée. Mais l’on doit relever, parallèlement, les grandes facilités que fournissent aux élèves les nouvelles sources
d’information; ce qui permet de compenser les lacunes culturelles et d’assurer des résultats satisfaisants.
L’informatique assure à celui qui sait en tirer profit des banques de données inépuisables et précises. Cela ne signifie pas, cependant, que le problème est résolu. Il en devient plus compliqué. Les écoles publiques ne sont pas, en effet, équipées en outillage informatique pour enseigner la traduction selon des méthodes modernes. Les conséquences en sont néfastes; les différences entre une école et l’autre deviennent plus accentuées; et les élèves ne peuvent pas jouir d’une égalité de chances au point de départ; ce qui rend le niveau des élèves hétérogène et l’enseignement de la traduction plus difficile. L’équipement des écoles en appareillage informatique (qui doit constituer un avantage) peut se transformer en handicap et en motif de retard s’il n’est pas assuré et utilisé à bon escient.
Conclusion
Pour conclure, nous disons que l’enseignement de la traduction pâtit des mêmes difficultés que celui des autres disciplines, si l’on considère le niveau général des élèves et la lenteur administrative à se procurer l’appareillage informatique et à en faire profiter l’enseignement public. Ces difficultés s’accentuent d’autant plus que l’enseignement de la traduction est annexé à celui des langues. Plutôt que de contribuer à en rehausser le niveau, il en subit les mauvaises conséquences et s’en trouve par le fait même atrophié. Le pire est que cet enseignement n’est pas confié à des spécialistes de la discipline qui puissent en aplanir les difficultés et procéder méthodologiquement de la manière la plus simple et la plus rentable. Si l’on ajoute à tout cela le manque de culture qui rejaillit particulièrement sur la compréhension indispensable à la traduction, on comprend à quel point l’enseignement de la traduction actuellement, au Liban, constitue une mission très difficile.
Il ne faudrait pas toutefois, désespérer et laisser le mal empirer. Il est possible de combler certaines lacunes. On peut évidemment améliorer les conditions de l’enseignement de la traduction en chargeant des spécialistes bien formés de cette tâche. On peut les doter de manuels adéquats et leur organiser des sessions de formation continue. Il n’est pas difficile de sauvegarder l’autonomie de la matière et de lui garantir les enseignants compétents. L’introduction de l’informatique pourrait contribuer, à son tour, à l’amélioration de la situation. Le maintien de la traduction en tant qu’épreuve d’examen officiel pour les différentes séries du baccalauréat motivera les élèves à maîtriser les méthodes de cette discipline. Nul ne peut contester l’importance de la traduction dans un pays comme le Liban qui projette d’être un message d’interaction culturelle. La philosophie de la traduction coïncide avec la vocation même du Liban. Ce n’est pas peine perdue que d’en promouvoir l’enseignement et d’assurer les conditions requises pour son succès. Le défi vaut vraiment la peine d’être relevé.
Références
-[Joseph Michel Chraim, « L’enseignement secondaire et universitaire de la traduction au Liban: une expérience originale », Centre d’études et de recherches économiques et sociales.
-La traduction:diversité linguistique et pratiques courantes, Actes du Colloque international «Traduction humaine, Traduction automatique, Interprétation » Tunis: 28-29-30 septembre 2000, série linguistique n˚11, Tunis 2000, p.39]