Remise des Palmes Académiques à Mme la Présidente du CRDP Leila Maliha Fayad et à Dr. Marcelle Abi Nader Khorassandjian

 

17 Mars 2010

Fête franco-libanaise au CRDP

La France et le Liban: "Deux pays frères par le coeur et par lesprit"

 

"Le lien qui unit la France et le Liban est, vous le savez, très fort et symbolisé par l’importance de la Francophonie dans ce pays mais aussi par le rôle moteur du Liban dans la diffusion de la Francophonie dans la région et dans le monde".

C’est par cette affirmation que le Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle, Monsieur Denis Gaillard, s’est adressé à la présidente du CRDP et à l’une de ses principales callaboratrices le jour de la remise des Palmes Académiques à deux femmes, deux éducatrices, deux mères qui ont longtemps servi la Francophonie au pays des Cèdres.

La cérémonie s’est déroulée dans une ambiance d’amitié en présence de hauts responsables du monde de l’éducation. Seule s’est absentée Madame Bahia ariri, Chef de la commission parlementaire d’Education. Madame Hariri, elle aussi, est une femme, mère et soeur. Elle a toujours coopéré avec la Présidente du CRDP pour le bien de l’Education au Liban. Mais... Surprise! Un superbe bouquet de fleurs l’a remplacée!

La Revue Pédagogique

Monsieur Denis Gaillard                              

La Présidente Dr Leila Fayad et Dr Marcelle Khorassandjian

 

Monsieur Denis Gaillard et la Présidente du CRDP Dr Leila Fayad

Allocution de M. Denis Gaillard

Les Palmes Académiques, créées par Napoléon en 1808, constituent aujourd'hui l'une des distinctions les plus anciennes et les plus prestigieuses décernées par la France et comptent parmi les rares distinctions conserves par le Général de Gaulle lors de la création en 1963 de l'Ordre National du Mérite.

Les Palmes Académiques ont vocation à honorer les personnes qui ont rendu ou rendent des services importants dans l'un des nombreux domaines qui relèvent de l'Education Nationale. Quelle plus belle mission en effet que de faire progresser le savoir et la culture, en formant notamment la jeunesse au travers du monde des lettres, des sciences et des arts.

Chère Leila, vous avez commencé à oeuvrer très tôt pour l’éducation et la langue française. En effet, dès l’âge de 19 ans, après 2 années brillantes à l’Ecole Normale de Tripoli où vous avez été major de votre promotion, vous avez exercé la très elle profession d’enseignante de français à l’Ecole Officielle Kfar Aka de El Koura.

C’est ainsi que vous vous êtes dédiée pendant 12 ans à transmettre la langue française, non seulement sa technique mais également les trésors littéraires qu’elle a su produire et les valeurs qu’elle incarne. Parallèlement à cette activité et dans une volonté permanente de parfaire votre formation, promouvant ainsi le concept aujourd’hui incontournable de formation tout au long de la vie, vous avez obtenu votre Licence en Langue et Littérature Françaises à la Faculté des Lettres de l’Université Libanaise, en étant une nouvelle fois major de promotion. Ce brillant parcours universitaire vous a ensuite menée à l’obtention du Doctorat d’Etat en Langue et Littérature Françaises de l’Université Lyon III. Le sujet que vous avez choisi "La condition de la femme dans la littérature française aux XIIIe et XIVe siècles", prouve que l’originalité et la difficulté ne vous effraient point, bien au contraire.

Vous avez ensuite mis vos savoirs et savoir-faire linguistiques, littéraires, didactiques et culturels au service des Facultés des Lettres de l’Université Libanaise et de l’Université de Balamand où, pendant 13 années universitaires, vous avez été une Maître-assistant très appréciée de ses étudiants. En 1998, vous obtenez le prestigieux titre de professeur et exercez à l’Université Libanaise et à l’Université Islamique où vous êtes responsable des unités de valeur de langue, littérature, civilisation et traduction spécialisée.

Votre engagement professionnel permanent, l’excellence de vos activités, la reconnaissance de vos pairs, vos multiples talents et compétences et votre parfaite connaissance du secteur éducatif vous ont ainsi conduit à être choisie pour présider le CRDP en 2001. Fait très significatif de l’excellence de votre parcours, vous êtes alors non seulement la plus jeune présidente du CRDP mais également la première femme à accéder à ce poste, dans un métier pourtant largement féminisé. Votre prise de fonction a d’ailleurs marqué les esprits. Tous les agents ont vu leur présidente parcourir à pied les neuf étages du bâtiment du CRDP afin de venir les saluer les uns après les autres dans leur bureau. La modestie et l’énergie sont d’ailleurs des qualités que les personnes ayant la chance de travailler à vos côtés vous reconnaissent spontanément.

Cette haute responsabilité, vous l’exercez avec beaucoup d’énergie et de talent comme en témoignent les nombreux chantiers que vous avez mis en oeuvre depuis 9 ans dans les domaines de la recherche éducative, de la conception des programmes scolaires, des examens officiels ou de la formation des enseignants. Grâce à votre réseau de 34 centres régionaux et de 15 centres de ressources, votre action et celle de votre équipe s’étend sur l’ensemble du Liban dans des domaines d’une importance capitale comme la formation des enseignants de tous les cycles de l'enseignement pré-universitaire.

Ardente défenseur de la qualité de l’éducation, vous savez, aux côtés des Ministres de l’Education successifs avec lesquels vous allez travailler, mener les chantiers indispensables pour permettre au système éducatif public de voir ses performances s’améliorer. Un des meilleurs exemples de cet engagement est certainement l’ambitieuse réforme des curricula, pour laquelle vous avez su mobiliser un grand nombre d’enseignants et de spécialistes en éducation, dans la perspective d’appliquer progressivement ces nouveaux programmes à partir de la rentrée 2011-2012.

Je peux d’ailleurs témoigner de votre volonté permanente d’assurer une application efficace de ces nouveaux programmes puisque l’Ambassade de France va, à votre demande, accompagner le Ministère de l’Education et le CRDP dans un vaste programme de certification linguistique en langue française des enseignants de cycle 1 et naturellement continuer à proposer, en collaboration permanente avec vos personnes ressources, des formations dans des domains qui vous sont chers comme l’enseignement du français dans une perspective actionnelle, la didactique convergente français – arabe, les projets d’établissement, le français au préscolaire (thème sur lequel nous avons récemment organisé ensemble un séminaire particulièrement réussi) ou les activités extrascolaires au service de l’apprentissage du français.

La France a également eu le plaisir de collaborer avec vous dans le cadre de la mise en place d’un projet du Fonds de Solidarité Prioritaire intitulé "Mise en place d’un dispositif permanent de formation continue des enseignants" financé par l’Ambassade de France et l’Agence Française de Développement. Arrivé à terme en juillet 2007, il aura permis d’organiser un réseau de 203 personnes-ressources de français et en français prenant appui sur des centres de resources répartis sur l’ensemble du territoire.

Et comme vous n’en avez jamais fini avec votre envie de compléter votre formation, je suis heureux de voir que vous avez été retenue pour faire partie du programme de rencontres destinées aux cadres dirigeants de la function publique libanaise en partenariat avec l’Ecole Nationale d’Administration française et l’Institut libanais des Finances, programme qui commence aujourd’hui même.

Vous avez ainsi successivement été enseignante de français, professeur dans le secteur universitaire, auteur d’un dictionnaire arabe - français à destination des élèves. Vous avez rédigé de nombreuses publications, vous représentez souvent le Liban à des conferences et colloques internationaux, et vous présidez aujourd’hui avec énergie et talent ce beau laboratoire d’idées qu’est le CRDP.

Mais c’est avant tout à l’amoureuse de la langue française que nous souhaitons render aujourd’hui un hommage chaleureux, cette langue française qui est le patrimoine commun de la France et du Liban et qui tisse entre nous des liens si exceptionnels et si forts, qui font de nos deux pays – au travers de personnalités telles que vous - deux pays frères par le coeur et par l’esprit ■

La Présidente du CRDP Dr Leila Fayad

Palme Dr. Layla

Madame Marcelle Abi Nader Khorassandjian, Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques

Chère Marcelle, je me suis naturellement interrogé sur cette question et ai dialogué avec un grand nombre de fins connaisseurs de la situation de la langue française, armi lesquels en premier lieu vous, qui connaissez si bien le context scolaire et universitaire libanais depuis la fin des années 1960. Comme les autres spécialistes, vous m’avez immédiatement rassuré avec cette phrase: "Le Libanais francophone a le français dans le coeur, l’arabe dans la tête et l’anglais dans la poche". Vous avez en effet été l’une des premières à percevoir le trilinguisme libanais comme un véritable atout pour ce pays et les faits vous donnent aujourd’hui raison dans un pays perçu par le monde entier, en particulier en Europe, comme un modèle de plurilinguisme don’t il faut s’inspirer.

Titulaire d’un CAPES option enseignement du français à la Faculté de pédagogie de l’Université Libanaise et docteur de l’Université Aix-Marseille en linguistique appliquée à l’enseignement du français, vous êtes une véritable référence dans le domaine de l’enseignement– apprentissage du français.

Nommée dès votre première année d’exercice à l’Ecole Normale d’Achrafieh, ce qui est très rare et significatif de l’excellence de vos années d’études universitaires, vous avez enseigné dans tous les cycles de l’enseignement préuniversitaire, principalement dans le secteur public, pendant 7 années.

Très attirée par la recherche et la formation de formateurs et spécialiste de inguistique appliqué à l’enseignement et de didactique du français, vous avez ensuite connu une brillante carrier universitaire qui vous a permis de découvrir la diversité et la richesse des contextes francophones au Liban : 5 ans à l’Université Libanaise dans un programme de remise à niveau linguistique, 3 années à la Faculté de Pédagogie de l’Université Libanaise, 25 ans à l’Université Saint-Joseph, 13 ans à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, 5 années à l’Université Arabe de Beyrouth et 3 ans à l’Université Islamique.

Votre relation avec l’Ambassade de France a toujours été très forte. En 1967, sur 80 candidats libanais, vous étiez la première sélectionnée pour le premier stage organisé  à l’Ecole Normale Supérieure de Fontenay Saint-Cloud par le Centre de Recherche et d’Etudes pour la Diffusion du Français, le célèbre CREDIF. Dès 1969, avant la création du CRDP, vous étiez ensuite associée à trois inspecteurs français pour la production d’un manuel scolaire de français. Vous avez ensuite toujours été une  partenaire de premier plan des projets de coopération éducative franco-libanais menés par le BAL, la BCLE, puis la CLE du SCAC, acronymes barbares pour les non spécialistes mais que vous connaissez mieux que quiconque. Cette relation privilégiée, vos compétences reconnues par tous et votre activisme francophone  permanent vous ont valu d’être décorée Chevalier puis Officier dans l’ordre des Palmes académiques en 1985 et en 1996.
Vos nombreuses publications expliquent également cette légitime reconnaissance de la France. Citons par exemple «L’enseignement du français dans le cycle secondaire  au Liban», «La langue française au Liban», «Essai d’analyse des erreurs de français en milieu arabophone», «L’avenir des langues étrangères au Liban, le cas du  français», «L’impact de l’interactivité en situation d’apprentissage multimédia» ou, très récemment «Le français au préscolaire au Liban, état des lieux».
Au titre de chef de Département de langue et de littérature françaises au Centre de Recherches et de Développement Pédagogiques, vous avez, de 1975 à 2010, dirigé les  travaux de rédaction de plus de 30 manuels de français pour toutes les classes du primaire au secondaire.
Persuadée que l’apprentissage linguistique est une compétence transversale et constitue l’épine dorsale de tous les apprentissages, vous n’avez cessé de vous impliquer  dans les projets de réforme des programmes nationaux et supervisé les plans nationaux de formation des enseignants de français.
Ce dynamisme et cette implication n’ont jamais été pris en défaut et votre dernière année de carrière au CRDP l’a prouvé de manière éclatante. Entre le programme de  formation sur la didactique convergente français-arabe, les commissions de réflexion sur les épreuves aux examens officiels, votre organisation du futur programme de certification linguistique à l’attention des enseignants du cycle 1, vos interventions au séminaire sur le cadre européen commun de référence pour les langues, au  colloque des professeurs de français du monde arabe et au séminaire sur le français précoce au Liban, vous n’avez jamais cessé de promouvoir un enseignement de  qualité de la langue française. 
Je devine d’ailleurs, que votre retraite sera très active et que l’éducation et la langue française resteront au coeur de vos préoccupations.
En effet c’est en grande partie grâce à la francophonie scolaire qui, avec 600 000 élèves scolarisés dans des établissements francophones, constitue le socle de la  présence de langue française au Liban.
Je suis donc très honoré, Chère Marcelle Abi Nader Khorassandjian, de vous faire, au nom du Ministre de l’Education nationale, Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques ■

 

Allocution de la
Présidente Dr. Leila Maliha Fayad

Dr. Layla Maliha Fayad  Palme Dr. Layla Maliha Fayad

Le monde s’achemine vers une ère où il n’existera, sur terre, que quelques grandes cultures, exprimées par quelques langues, qui animeront des civilisations diverses.
“ Léopold Sédar Senghor ”

 

C’est avec une joie sans mélange que je vous accueille tous, ce matin, pour recevoir cette médaille qui m’attend depuis longtemps.
Les rapports que j’entretiens avec la francophonie et l’enseignement du français au Liban remontent à bien loin dans mon passé d’enseignante et de professeur. J’ai  toujours considéré que la connaissance et la pratique de la langue française de la part des élèves libanais représentait un atout majeur pour leur avenir. Et cela reste vrai  aujourd’hui. 
Actuellement, le Liban se dirige lentement et sûrement vers un trilinguisme actif pour chacune des trois langues en présence. Pour un anglophone de formation, connaître et  pratiquer le français représente un plus, socialement et professionnellement. Un francophone de formation peut, parce qu’il a pratiqué le français, avoir plus facilement  accès à l’anglais. Le français joue là, un rôle médiateur pour l’acquisition des langues autres que l’arabe. La francophilie fortement ancrée dans les traditions libanaises est,  en réalité, répandue partout. Elle existe dans la masse; elle n’est pas le fait d’une élite uniquement concentrée dans les grandes villes.
Bien sûr, un effort doit être concédé pour que cet état de choses perdure et nous avons sans cesse eu la Coopération française à nos côtés pour faire bénéficier le système  éducatif libanais de projets pédagogiques qui vont tous dans le sens du développement du français en tant que langue vivante et langue d’enseignement.
Durant les années 90, la Coopération française a énormément collaboré avec le CRDP par le truchement de ses inspecteurs généraux pour aider à la rénovation des  curricula, pour un très grand nombre de disciplines.
A partir de l’année 2001, la coopération française a beaucoup fait pour jeter les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui le projet national de formation continue. Les 200 personnes ressources qui en font partie ont bénéficié pendant plusieurs années d’un programme de formation de formateurs, au Liban et en France, auprès d’un personnel  de haute qualification dépendant de plusieurs instituts universitaires français de formation des maîtres; sans oublier que c’est aussi à l’aide française que nous devons les  six médiathèques existant dans les principaux centres de formation continue. Nous espérons que la France restera toujours auprès de nous au fur et à mesure que ce  projet de formation grandit et se développe.
Il y a encore tant à faire… Surtout que la rénovation des curricula est de nouveau en marche puisque le cycle 1 de l’Education de Base s’est vu doter d’un nouveau  programme actuellement en cours d’expérimentation dans plusieurs école privées et publiques. 
Des manuels scolaires adéquats devront suivre. Quant aux curricula des autres cycles de l’Education de Base, ils vont bientôt être revus. 
Le chantier est vaste et nous souhaitons examiner avec la coopération française les modalités d’une éventuelle collaboration à ce niveau.
Il n’en reste pas moins que le nerf de la guerre et l’enjeu essentiel de la présence du français au Liban résident dans le fait que l’enseignement de cette langue doit être  dispensé par des éléments dont la compétence en français parlé et écrit doit être irréprochable d’où l’urgence d’implémenter un projet de perfectionnement linguistique des  enseignants, de français et en français, dans le secteur public.
Nous souhaitons vivement que ce projet voie le jour et qu’il se situe à l’échelle nationale c’est- à- dire qu’il offre cette formation à des enseignants disséminés dans toutes  les régions du pays. Nous accordons beaucoup d’importance à cette opération et le CRDP fera tout ce qui est en son pouvoir pour jouer un double rôle d’opérateur et de  médiateur auprès des différents organismes concernés au sein du Ministère de l’Education et de l’Enseignement Supérieur en vue de donner à ce projet les plus grandes  chances de réussite. 
On le voit, le champ d’action de la francophonie au Liban est vaste, mais ensemble nous y arriverons. Vue sous cet angle, je peux dire que cette médaille, je la reçois  aujourd’hui comme un gage et une promesse, la promesse qu’à l’avenir nous devons être appelés à unir constamment nos efforts. Il y a encore beaucoup à faire mais il y a  tout à gagner et pour le Liban et pour la France ■

 

 

Allocution de Dr. Marcelle Abi-Nader Khorassandjian

Dr. Marcelle Abi-Nader Khorassandjian   Palme Dr. Marcelle Abi-Nader Khorassandjian

C’est avec beaucoup d’émotion et de joie que je reçois cette distinction aujourd’hui. Je vous remercie, Monsieur le Conseiller, pour l’honneur que vous me faites. Je  voudrais ensuite adresser mes remerciements à tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont aidée à accomplir ma tâche depuis 1967, depuis cette année-là où j’ai été invitée à  participer aux travaux du groupe de Recherche en Linguistique Appliquée, le GRLA, situé dans l’actuelle cité Gabriel Bounoure au sein de l’Ambassade de France. Qu’ils soient remerciés en premier ces trois coopérants français qui m’ont fait bénéficier de leur expérience en matière de pédagogie du Français. La didactique du Français  langue étrangère en était à ses balbutiements au Liban et on organisait en grande pompe cette annéelà, à l’École Normale de Bir Hassan, le premier stage audio-visuel du  CREDIF.
C’est aussi grâce au GRLA que je suis entrée dans le monde de la rédaction des manuels. Quand le CRDP commença ses activités en 1973, le GRLA avait déjà produit, en  coopération avec la direction de l’enseignement primaire du MEN, quatre ensembles pédagogiques pour les quatre premières années d’apprentissage du Français. En 1973,  le CRDP prenait le projet en mains et l’étendait à toutes les années et disciplines d’enseignement et ce fut l’aventure du livre Scolaire National. Entre 1973 et 1985, au  Département de Français dont je remercie tous les membres passés et présents pour la solidarité, la confiance dont ils n’ont jamais cessé de faire preuve à mon égard.  Nous avons produit et publié plus d’une vingtaine d’ensembles pédagogiques entre la 1ère année préscolaire et la dernière année du secondaire. Et le chantier reste toujours ouvert puisque les curricula revus et corrigés pour le premier cycle de l’Education de Base sont en voie d’être ratifiés par les décideurs et que les documents  préparatoires pour l’élaboration de nouveaux manuels pour le cycle 1 sont prêts. 
Soyez-en remerciée Madame la Présidente du CRDP. Je pars tranquille car vous êtes là, à votre poste, si ardente au travail et si infatigable… Vous êtes et resterez  toujours pour moi le symbole de l’espoir en des lendemains meilleurs. Pour ce qui est de la participation aux activités de formation du CRDP, j’étais là au plus fort de la  bataille pour donner avec Monsieur le Chef du Bureau de Formation des Maîtres, M. Nizar Gharib, le coup d’envoi à ce projet qui, depuis, ne cesse de croître et de prendre  de l’importance, à savoir le projet de formation continue des enseignants du secteur public.
Je pars et, en même temps, se profile à l’horizon un projet qui m’est cher depuis longtemps, celui d’assurer le perfectionnement linguistique des enseignants de Français.  Une convention va être signée avec la coopération française. Elle concerne les enseignants du cycle 1 du secteur public.
Je terminerai sur une réflexion qui m’est devenue chère depuis quelque temps et que je voudrais partager avec vous: je me suis souvent demandée pourquoi – depuis le  jour où mon père, à qui j’avais fait part à ma sortie du BAC de mon désir d’entreprendre des études en lettres arabes, m’en avait dissuadée en faveur des lettres françaises  – je n’ai cessé depuis lors de me demander pourquoi, quel sens cela avait, de s’accrocher comme je l’ai fait à une langue qui n’est pas celle de mes ancêtres. Et puis un  jour, je ne sais plus à cause de qui, ni quand, ni où, ni comment, j’ai commencé à comprendre, j’ai fini par comprendre quelque chose: que l’on soit né à Londres ou à Calcutta, toutes les cultures se valent, il est vrai, mais quelle que soit la langue-mère, même quand elle est particulièrement représentative de la culture universelle  contemporaine, on a besoin de s’en libérer. Au nom de la vérité. Pour voir de temps en temps le monde à travers d’autres lunettes que celles que nous prête notre propre  culture. Et c’est ce qui se produit quand l’apprentissage de la langue seconde est bien fait. C’est seulement à ce moment-là que le pays peut avancer.
Laissez-moi vous dire, Messieurs qui représentez ce matin pour nous la France, que vous aussi vous y gagnez quelque chose dans l’aventure libanaise. Car vous aussi,  comme les autres, avez constamment besoin de vous libérer de votre propre culture. Le Liban vous fournit justement cette opportunité car il représente un de ces pays où  on peut, à tout moment, remettre en question ce en quoi on croit, ce pour quoi on vit ou on combat ■

 

Allocution de son Excellence Monsieur
le Ministre Dr Hassan Mneimné

Le ministre Dr. Hassan Mneimné

La double circonstance qui nous réunit aujourd'hui est, pour nous, encore une fois, l'occasion de manifester les liens d'amitié qui nous rattachent à la France. 
Depuis plusieurs siècles, nos deux pays entretiennent des relations privilégiées. La législation qui régit notre système éducatif en témoigne puisque le français est enseigné  chez nous depuis la maternelle jusqu'à l'université et, chose encore plus rare parmi les pays francophones, les textes en vigueur prévoient, pour cette langue, un même  nombre d'heures que pour l'arabe. Par ailleurs, le français est langue d'enseignement pour les matières scientifiques. Bien le connaître et bien le pratiquer constitue donc un  atout majeur dans la réussite aux examens officiels qui ouvrent les portes des universités. 
C'est pour toutes ces raisons que nous apprécions particulièrement toute initiative qui permet de motiver nos éducateurs et nos enseignants à continuer la lutte pour  inculquer à nos générations d'élèves et d'étudiants, la langue française, vecteur de culture mais aussi voie d'accès aux connaissances et aux savoirfaire scientifiques.
L'initiative que le gouvernement français a prise de décorer aujourd'hui Madame la Présidente du CRDP, docteur Leila Maliha Fayad ainsi que l'une de ses principales  collaboratrices, docteur Marcelle Abi Nader Khorassandjian, spécialiste de l'enseignement de la langue et de la littérature françaises, cette initiative est précieuse pour  nous: elle montre combien vos services de coopération et d'action culturelle mettent leur confiance et leurs espoirs dans le Centre de Recherche et de Développement  Pédagogiques, qui, à travers les deux médailles reçues aujourd'hui, se voit honoré et reconnu dans ses efforts de promotion du français dans tout le système éducatif  libanais.
Nous souhaitons que la cérémonie d'aujourd'hui soit le prélude à une collaboration franco-libanaise encore plus riche que par le passé, que ce soit au plan de la rénovation des curricula, de la formation continue des enseignants ou de la production de documents pédagogiques au service de l'enseignement–apprentissage du français.

En matière d'éducation au Liban, tant de projets restent à réaliser, tant d'efforts doivent être consentis pour assurer l'égalité des chances à tous les élèves libanais sans  aucune distinction. Les chantiers sont ouverts et nous faisons appel à vous pour qu'ensemble, nous soyons partenaires afin d'essayer de relever le niveau de  l'enseignement au Liban, tout en conservant au français son rôle actuel dans le système éducatif Libanais ■

 

Remise des Palmes Académiques à Mme la Présidente du CRDP Leila Maliha Fayad et à Dr. Marcelle Abi Nader Khorassandjian

 

17 Mars 2010

Fête franco-libanaise au CRDP

La France et le Liban: "Deux pays frères par le coeur et par lesprit"

 

"Le lien qui unit la France et le Liban est, vous le savez, très fort et symbolisé par l’importance de la Francophonie dans ce pays mais aussi par le rôle moteur du Liban dans la diffusion de la Francophonie dans la région et dans le monde".

C’est par cette affirmation que le Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle, Monsieur Denis Gaillard, s’est adressé à la présidente du CRDP et à l’une de ses principales callaboratrices le jour de la remise des Palmes Académiques à deux femmes, deux éducatrices, deux mères qui ont longtemps servi la Francophonie au pays des Cèdres.

La cérémonie s’est déroulée dans une ambiance d’amitié en présence de hauts responsables du monde de l’éducation. Seule s’est absentée Madame Bahia ariri, Chef de la commission parlementaire d’Education. Madame Hariri, elle aussi, est une femme, mère et soeur. Elle a toujours coopéré avec la Présidente du CRDP pour le bien de l’Education au Liban. Mais... Surprise! Un superbe bouquet de fleurs l’a remplacée!

La Revue Pédagogique

Monsieur Denis Gaillard                              

La Présidente Dr Leila Fayad et Dr Marcelle Khorassandjian

 

Monsieur Denis Gaillard et la Présidente du CRDP Dr Leila Fayad

Allocution de M. Denis Gaillard

Les Palmes Académiques, créées par Napoléon en 1808, constituent aujourd'hui l'une des distinctions les plus anciennes et les plus prestigieuses décernées par la France et comptent parmi les rares distinctions conserves par le Général de Gaulle lors de la création en 1963 de l'Ordre National du Mérite.

Les Palmes Académiques ont vocation à honorer les personnes qui ont rendu ou rendent des services importants dans l'un des nombreux domaines qui relèvent de l'Education Nationale. Quelle plus belle mission en effet que de faire progresser le savoir et la culture, en formant notamment la jeunesse au travers du monde des lettres, des sciences et des arts.

Chère Leila, vous avez commencé à oeuvrer très tôt pour l’éducation et la langue française. En effet, dès l’âge de 19 ans, après 2 années brillantes à l’Ecole Normale de Tripoli où vous avez été major de votre promotion, vous avez exercé la très elle profession d’enseignante de français à l’Ecole Officielle Kfar Aka de El Koura.

C’est ainsi que vous vous êtes dédiée pendant 12 ans à transmettre la langue française, non seulement sa technique mais également les trésors littéraires qu’elle a su produire et les valeurs qu’elle incarne. Parallèlement à cette activité et dans une volonté permanente de parfaire votre formation, promouvant ainsi le concept aujourd’hui incontournable de formation tout au long de la vie, vous avez obtenu votre Licence en Langue et Littérature Françaises à la Faculté des Lettres de l’Université Libanaise, en étant une nouvelle fois major de promotion. Ce brillant parcours universitaire vous a ensuite menée à l’obtention du Doctorat d’Etat en Langue et Littérature Françaises de l’Université Lyon III. Le sujet que vous avez choisi "La condition de la femme dans la littérature française aux XIIIe et XIVe siècles", prouve que l’originalité et la difficulté ne vous effraient point, bien au contraire.

Vous avez ensuite mis vos savoirs et savoir-faire linguistiques, littéraires, didactiques et culturels au service des Facultés des Lettres de l’Université Libanaise et de l’Université de Balamand où, pendant 13 années universitaires, vous avez été une Maître-assistant très appréciée de ses étudiants. En 1998, vous obtenez le prestigieux titre de professeur et exercez à l’Université Libanaise et à l’Université Islamique où vous êtes responsable des unités de valeur de langue, littérature, civilisation et traduction spécialisée.

Votre engagement professionnel permanent, l’excellence de vos activités, la reconnaissance de vos pairs, vos multiples talents et compétences et votre parfaite connaissance du secteur éducatif vous ont ainsi conduit à être choisie pour présider le CRDP en 2001. Fait très significatif de l’excellence de votre parcours, vous êtes alors non seulement la plus jeune présidente du CRDP mais également la première femme à accéder à ce poste, dans un métier pourtant largement féminisé. Votre prise de fonction a d’ailleurs marqué les esprits. Tous les agents ont vu leur présidente parcourir à pied les neuf étages du bâtiment du CRDP afin de venir les saluer les uns après les autres dans leur bureau. La modestie et l’énergie sont d’ailleurs des qualités que les personnes ayant la chance de travailler à vos côtés vous reconnaissent spontanément.

Cette haute responsabilité, vous l’exercez avec beaucoup d’énergie et de talent comme en témoignent les nombreux chantiers que vous avez mis en oeuvre depuis 9 ans dans les domaines de la recherche éducative, de la conception des programmes scolaires, des examens officiels ou de la formation des enseignants. Grâce à votre réseau de 34 centres régionaux et de 15 centres de ressources, votre action et celle de votre équipe s’étend sur l’ensemble du Liban dans des domaines d’une importance capitale comme la formation des enseignants de tous les cycles de l'enseignement pré-universitaire.

Ardente défenseur de la qualité de l’éducation, vous savez, aux côtés des Ministres de l’Education successifs avec lesquels vous allez travailler, mener les chantiers indispensables pour permettre au système éducatif public de voir ses performances s’améliorer. Un des meilleurs exemples de cet engagement est certainement l’ambitieuse réforme des curricula, pour laquelle vous avez su mobiliser un grand nombre d’enseignants et de spécialistes en éducation, dans la perspective d’appliquer progressivement ces nouveaux programmes à partir de la rentrée 2011-2012.

Je peux d’ailleurs témoigner de votre volonté permanente d’assurer une application efficace de ces nouveaux programmes puisque l’Ambassade de France va, à votre demande, accompagner le Ministère de l’Education et le CRDP dans un vaste programme de certification linguistique en langue française des enseignants de cycle 1 et naturellement continuer à proposer, en collaboration permanente avec vos personnes ressources, des formations dans des domains qui vous sont chers comme l’enseignement du français dans une perspective actionnelle, la didactique convergente français – arabe, les projets d’établissement, le français au préscolaire (thème sur lequel nous avons récemment organisé ensemble un séminaire particulièrement réussi) ou les activités extrascolaires au service de l’apprentissage du français.

La France a également eu le plaisir de collaborer avec vous dans le cadre de la mise en place d’un projet du Fonds de Solidarité Prioritaire intitulé "Mise en place d’un dispositif permanent de formation continue des enseignants" financé par l’Ambassade de France et l’Agence Française de Développement. Arrivé à terme en juillet 2007, il aura permis d’organiser un réseau de 203 personnes-ressources de français et en français prenant appui sur des centres de resources répartis sur l’ensemble du territoire.

Et comme vous n’en avez jamais fini avec votre envie de compléter votre formation, je suis heureux de voir que vous avez été retenue pour faire partie du programme de rencontres destinées aux cadres dirigeants de la function publique libanaise en partenariat avec l’Ecole Nationale d’Administration française et l’Institut libanais des Finances, programme qui commence aujourd’hui même.

Vous avez ainsi successivement été enseignante de français, professeur dans le secteur universitaire, auteur d’un dictionnaire arabe - français à destination des élèves. Vous avez rédigé de nombreuses publications, vous représentez souvent le Liban à des conferences et colloques internationaux, et vous présidez aujourd’hui avec énergie et talent ce beau laboratoire d’idées qu’est le CRDP.

Mais c’est avant tout à l’amoureuse de la langue française que nous souhaitons render aujourd’hui un hommage chaleureux, cette langue française qui est le patrimoine commun de la France et du Liban et qui tisse entre nous des liens si exceptionnels et si forts, qui font de nos deux pays – au travers de personnalités telles que vous - deux pays frères par le coeur et par l’esprit ■

La Présidente du CRDP Dr Leila Fayad

Palme Dr. Layla

Madame Marcelle Abi Nader Khorassandjian, Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques

Chère Marcelle, je me suis naturellement interrogé sur cette question et ai dialogué avec un grand nombre de fins connaisseurs de la situation de la langue française, armi lesquels en premier lieu vous, qui connaissez si bien le context scolaire et universitaire libanais depuis la fin des années 1960. Comme les autres spécialistes, vous m’avez immédiatement rassuré avec cette phrase: "Le Libanais francophone a le français dans le coeur, l’arabe dans la tête et l’anglais dans la poche". Vous avez en effet été l’une des premières à percevoir le trilinguisme libanais comme un véritable atout pour ce pays et les faits vous donnent aujourd’hui raison dans un pays perçu par le monde entier, en particulier en Europe, comme un modèle de plurilinguisme don’t il faut s’inspirer.

Titulaire d’un CAPES option enseignement du français à la Faculté de pédagogie de l’Université Libanaise et docteur de l’Université Aix-Marseille en linguistique appliquée à l’enseignement du français, vous êtes une véritable référence dans le domaine de l’enseignement– apprentissage du français.

Nommée dès votre première année d’exercice à l’Ecole Normale d’Achrafieh, ce qui est très rare et significatif de l’excellence de vos années d’études universitaires, vous avez enseigné dans tous les cycles de l’enseignement préuniversitaire, principalement dans le secteur public, pendant 7 années.

Très attirée par la recherche et la formation de formateurs et spécialiste de inguistique appliqué à l’enseignement et de didactique du français, vous avez ensuite connu une brillante carrier universitaire qui vous a permis de découvrir la diversité et la richesse des contextes francophones au Liban : 5 ans à l’Université Libanaise dans un programme de remise à niveau linguistique, 3 années à la Faculté de Pédagogie de l’Université Libanaise, 25 ans à l’Université Saint-Joseph, 13 ans à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, 5 années à l’Université Arabe de Beyrouth et 3 ans à l’Université Islamique.

Votre relation avec l’Ambassade de France a toujours été très forte. En 1967, sur 80 candidats libanais, vous étiez la première sélectionnée pour le premier stage organisé  à l’Ecole Normale Supérieure de Fontenay Saint-Cloud par le Centre de Recherche et d’Etudes pour la Diffusion du Français, le célèbre CREDIF. Dès 1969, avant la création du CRDP, vous étiez ensuite associée à trois inspecteurs français pour la production d’un manuel scolaire de français. Vous avez ensuite toujours été une  partenaire de premier plan des projets de coopération éducative franco-libanais menés par le BAL, la BCLE, puis la CLE du SCAC, acronymes barbares pour les non spécialistes mais que vous connaissez mieux que quiconque. Cette relation privilégiée, vos compétences reconnues par tous et votre activisme francophone  permanent vous ont valu d’être décorée Chevalier puis Officier dans l’ordre des Palmes académiques en 1985 et en 1996.
Vos nombreuses publications expliquent également cette légitime reconnaissance de la France. Citons par exemple «L’enseignement du français dans le cycle secondaire  au Liban», «La langue française au Liban», «Essai d’analyse des erreurs de français en milieu arabophone», «L’avenir des langues étrangères au Liban, le cas du  français», «L’impact de l’interactivité en situation d’apprentissage multimédia» ou, très récemment «Le français au préscolaire au Liban, état des lieux».
Au titre de chef de Département de langue et de littérature françaises au Centre de Recherches et de Développement Pédagogiques, vous avez, de 1975 à 2010, dirigé les  travaux de rédaction de plus de 30 manuels de français pour toutes les classes du primaire au secondaire.
Persuadée que l’apprentissage linguistique est une compétence transversale et constitue l’épine dorsale de tous les apprentissages, vous n’avez cessé de vous impliquer  dans les projets de réforme des programmes nationaux et supervisé les plans nationaux de formation des enseignants de français.
Ce dynamisme et cette implication n’ont jamais été pris en défaut et votre dernière année de carrière au CRDP l’a prouvé de manière éclatante. Entre le programme de  formation sur la didactique convergente français-arabe, les commissions de réflexion sur les épreuves aux examens officiels, votre organisation du futur programme de certification linguistique à l’attention des enseignants du cycle 1, vos interventions au séminaire sur le cadre européen commun de référence pour les langues, au  colloque des professeurs de français du monde arabe et au séminaire sur le français précoce au Liban, vous n’avez jamais cessé de promouvoir un enseignement de  qualité de la langue française. 
Je devine d’ailleurs, que votre retraite sera très active et que l’éducation et la langue française resteront au coeur de vos préoccupations.
En effet c’est en grande partie grâce à la francophonie scolaire qui, avec 600 000 élèves scolarisés dans des établissements francophones, constitue le socle de la  présence de langue française au Liban.
Je suis donc très honoré, Chère Marcelle Abi Nader Khorassandjian, de vous faire, au nom du Ministre de l’Education nationale, Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques ■

 

Allocution de la
Présidente Dr. Leila Maliha Fayad

Dr. Layla Maliha Fayad  Palme Dr. Layla Maliha Fayad

Le monde s’achemine vers une ère où il n’existera, sur terre, que quelques grandes cultures, exprimées par quelques langues, qui animeront des civilisations diverses.
“ Léopold Sédar Senghor ”

 

C’est avec une joie sans mélange que je vous accueille tous, ce matin, pour recevoir cette médaille qui m’attend depuis longtemps.
Les rapports que j’entretiens avec la francophonie et l’enseignement du français au Liban remontent à bien loin dans mon passé d’enseignante et de professeur. J’ai  toujours considéré que la connaissance et la pratique de la langue française de la part des élèves libanais représentait un atout majeur pour leur avenir. Et cela reste vrai  aujourd’hui. 
Actuellement, le Liban se dirige lentement et sûrement vers un trilinguisme actif pour chacune des trois langues en présence. Pour un anglophone de formation, connaître et  pratiquer le français représente un plus, socialement et professionnellement. Un francophone de formation peut, parce qu’il a pratiqué le français, avoir plus facilement  accès à l’anglais. Le français joue là, un rôle médiateur pour l’acquisition des langues autres que l’arabe. La francophilie fortement ancrée dans les traditions libanaises est,  en réalité, répandue partout. Elle existe dans la masse; elle n’est pas le fait d’une élite uniquement concentrée dans les grandes villes.
Bien sûr, un effort doit être concédé pour que cet état de choses perdure et nous avons sans cesse eu la Coopération française à nos côtés pour faire bénéficier le système  éducatif libanais de projets pédagogiques qui vont tous dans le sens du développement du français en tant que langue vivante et langue d’enseignement.
Durant les années 90, la Coopération française a énormément collaboré avec le CRDP par le truchement de ses inspecteurs généraux pour aider à la rénovation des  curricula, pour un très grand nombre de disciplines.
A partir de l’année 2001, la coopération française a beaucoup fait pour jeter les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui le projet national de formation continue. Les 200 personnes ressources qui en font partie ont bénéficié pendant plusieurs années d’un programme de formation de formateurs, au Liban et en France, auprès d’un personnel  de haute qualification dépendant de plusieurs instituts universitaires français de formation des maîtres; sans oublier que c’est aussi à l’aide française que nous devons les  six médiathèques existant dans les principaux centres de formation continue. Nous espérons que la France restera toujours auprès de nous au fur et à mesure que ce  projet de formation grandit et se développe.
Il y a encore tant à faire… Surtout que la rénovation des curricula est de nouveau en marche puisque le cycle 1 de l’Education de Base s’est vu doter d’un nouveau  programme actuellement en cours d’expérimentation dans plusieurs école privées et publiques. 
Des manuels scolaires adéquats devront suivre. Quant aux curricula des autres cycles de l’Education de Base, ils vont bientôt être revus. 
Le chantier est vaste et nous souhaitons examiner avec la coopération française les modalités d’une éventuelle collaboration à ce niveau.
Il n’en reste pas moins que le nerf de la guerre et l’enjeu essentiel de la présence du français au Liban résident dans le fait que l’enseignement de cette langue doit être  dispensé par des éléments dont la compétence en français parlé et écrit doit être irréprochable d’où l’urgence d’implémenter un projet de perfectionnement linguistique des  enseignants, de français et en français, dans le secteur public.
Nous souhaitons vivement que ce projet voie le jour et qu’il se situe à l’échelle nationale c’est- à- dire qu’il offre cette formation à des enseignants disséminés dans toutes  les régions du pays. Nous accordons beaucoup d’importance à cette opération et le CRDP fera tout ce qui est en son pouvoir pour jouer un double rôle d’opérateur et de  médiateur auprès des différents organismes concernés au sein du Ministère de l’Education et de l’Enseignement Supérieur en vue de donner à ce projet les plus grandes  chances de réussite. 
On le voit, le champ d’action de la francophonie au Liban est vaste, mais ensemble nous y arriverons. Vue sous cet angle, je peux dire que cette médaille, je la reçois  aujourd’hui comme un gage et une promesse, la promesse qu’à l’avenir nous devons être appelés à unir constamment nos efforts. Il y a encore beaucoup à faire mais il y a  tout à gagner et pour le Liban et pour la France ■

 

 

Allocution de Dr. Marcelle Abi-Nader Khorassandjian

Dr. Marcelle Abi-Nader Khorassandjian   Palme Dr. Marcelle Abi-Nader Khorassandjian

C’est avec beaucoup d’émotion et de joie que je reçois cette distinction aujourd’hui. Je vous remercie, Monsieur le Conseiller, pour l’honneur que vous me faites. Je  voudrais ensuite adresser mes remerciements à tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont aidée à accomplir ma tâche depuis 1967, depuis cette année-là où j’ai été invitée à  participer aux travaux du groupe de Recherche en Linguistique Appliquée, le GRLA, situé dans l’actuelle cité Gabriel Bounoure au sein de l’Ambassade de France. Qu’ils soient remerciés en premier ces trois coopérants français qui m’ont fait bénéficier de leur expérience en matière de pédagogie du Français. La didactique du Français  langue étrangère en était à ses balbutiements au Liban et on organisait en grande pompe cette annéelà, à l’École Normale de Bir Hassan, le premier stage audio-visuel du  CREDIF.
C’est aussi grâce au GRLA que je suis entrée dans le monde de la rédaction des manuels. Quand le CRDP commença ses activités en 1973, le GRLA avait déjà produit, en  coopération avec la direction de l’enseignement primaire du MEN, quatre ensembles pédagogiques pour les quatre premières années d’apprentissage du Français. En 1973,  le CRDP prenait le projet en mains et l’étendait à toutes les années et disciplines d’enseignement et ce fut l’aventure du livre Scolaire National. Entre 1973 et 1985, au  Département de Français dont je remercie tous les membres passés et présents pour la solidarité, la confiance dont ils n’ont jamais cessé de faire preuve à mon égard.  Nous avons produit et publié plus d’une vingtaine d’ensembles pédagogiques entre la 1ère année préscolaire et la dernière année du secondaire. Et le chantier reste toujours ouvert puisque les curricula revus et corrigés pour le premier cycle de l’Education de Base sont en voie d’être ratifiés par les décideurs et que les documents  préparatoires pour l’élaboration de nouveaux manuels pour le cycle 1 sont prêts. 
Soyez-en remerciée Madame la Présidente du CRDP. Je pars tranquille car vous êtes là, à votre poste, si ardente au travail et si infatigable… Vous êtes et resterez  toujours pour moi le symbole de l’espoir en des lendemains meilleurs. Pour ce qui est de la participation aux activités de formation du CRDP, j’étais là au plus fort de la  bataille pour donner avec Monsieur le Chef du Bureau de Formation des Maîtres, M. Nizar Gharib, le coup d’envoi à ce projet qui, depuis, ne cesse de croître et de prendre  de l’importance, à savoir le projet de formation continue des enseignants du secteur public.
Je pars et, en même temps, se profile à l’horizon un projet qui m’est cher depuis longtemps, celui d’assurer le perfectionnement linguistique des enseignants de Français.  Une convention va être signée avec la coopération française. Elle concerne les enseignants du cycle 1 du secteur public.
Je terminerai sur une réflexion qui m’est devenue chère depuis quelque temps et que je voudrais partager avec vous: je me suis souvent demandée pourquoi – depuis le  jour où mon père, à qui j’avais fait part à ma sortie du BAC de mon désir d’entreprendre des études en lettres arabes, m’en avait dissuadée en faveur des lettres françaises  – je n’ai cessé depuis lors de me demander pourquoi, quel sens cela avait, de s’accrocher comme je l’ai fait à une langue qui n’est pas celle de mes ancêtres. Et puis un  jour, je ne sais plus à cause de qui, ni quand, ni où, ni comment, j’ai commencé à comprendre, j’ai fini par comprendre quelque chose: que l’on soit né à Londres ou à Calcutta, toutes les cultures se valent, il est vrai, mais quelle que soit la langue-mère, même quand elle est particulièrement représentative de la culture universelle  contemporaine, on a besoin de s’en libérer. Au nom de la vérité. Pour voir de temps en temps le monde à travers d’autres lunettes que celles que nous prête notre propre  culture. Et c’est ce qui se produit quand l’apprentissage de la langue seconde est bien fait. C’est seulement à ce moment-là que le pays peut avancer.
Laissez-moi vous dire, Messieurs qui représentez ce matin pour nous la France, que vous aussi vous y gagnez quelque chose dans l’aventure libanaise. Car vous aussi,  comme les autres, avez constamment besoin de vous libérer de votre propre culture. Le Liban vous fournit justement cette opportunité car il représente un de ces pays où  on peut, à tout moment, remettre en question ce en quoi on croit, ce pour quoi on vit ou on combat ■

 

Allocution de son Excellence Monsieur
le Ministre Dr Hassan Mneimné

Le ministre Dr. Hassan Mneimné

La double circonstance qui nous réunit aujourd'hui est, pour nous, encore une fois, l'occasion de manifester les liens d'amitié qui nous rattachent à la France. 
Depuis plusieurs siècles, nos deux pays entretiennent des relations privilégiées. La législation qui régit notre système éducatif en témoigne puisque le français est enseigné  chez nous depuis la maternelle jusqu'à l'université et, chose encore plus rare parmi les pays francophones, les textes en vigueur prévoient, pour cette langue, un même  nombre d'heures que pour l'arabe. Par ailleurs, le français est langue d'enseignement pour les matières scientifiques. Bien le connaître et bien le pratiquer constitue donc un  atout majeur dans la réussite aux examens officiels qui ouvrent les portes des universités. 
C'est pour toutes ces raisons que nous apprécions particulièrement toute initiative qui permet de motiver nos éducateurs et nos enseignants à continuer la lutte pour  inculquer à nos générations d'élèves et d'étudiants, la langue française, vecteur de culture mais aussi voie d'accès aux connaissances et aux savoirfaire scientifiques.
L'initiative que le gouvernement français a prise de décorer aujourd'hui Madame la Présidente du CRDP, docteur Leila Maliha Fayad ainsi que l'une de ses principales  collaboratrices, docteur Marcelle Abi Nader Khorassandjian, spécialiste de l'enseignement de la langue et de la littérature françaises, cette initiative est précieuse pour  nous: elle montre combien vos services de coopération et d'action culturelle mettent leur confiance et leurs espoirs dans le Centre de Recherche et de Développement  Pédagogiques, qui, à travers les deux médailles reçues aujourd'hui, se voit honoré et reconnu dans ses efforts de promotion du français dans tout le système éducatif  libanais.
Nous souhaitons que la cérémonie d'aujourd'hui soit le prélude à une collaboration franco-libanaise encore plus riche que par le passé, que ce soit au plan de la rénovation des curricula, de la formation continue des enseignants ou de la production de documents pédagogiques au service de l'enseignement–apprentissage du français.

En matière d'éducation au Liban, tant de projets restent à réaliser, tant d'efforts doivent être consentis pour assurer l'égalité des chances à tous les élèves libanais sans  aucune distinction. Les chantiers sont ouverts et nous faisons appel à vous pour qu'ensemble, nous soyons partenaires afin d'essayer de relever le niveau de  l'enseignement au Liban, tout en conservant au français son rôle actuel dans le système éducatif Libanais ■

 

Remise des Palmes Académiques à Mme la Présidente du CRDP Leila Maliha Fayad et à Dr. Marcelle Abi Nader Khorassandjian

 

17 Mars 2010

Fête franco-libanaise au CRDP

La France et le Liban: "Deux pays frères par le coeur et par lesprit"

 

"Le lien qui unit la France et le Liban est, vous le savez, très fort et symbolisé par l’importance de la Francophonie dans ce pays mais aussi par le rôle moteur du Liban dans la diffusion de la Francophonie dans la région et dans le monde".

C’est par cette affirmation que le Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle, Monsieur Denis Gaillard, s’est adressé à la présidente du CRDP et à l’une de ses principales callaboratrices le jour de la remise des Palmes Académiques à deux femmes, deux éducatrices, deux mères qui ont longtemps servi la Francophonie au pays des Cèdres.

La cérémonie s’est déroulée dans une ambiance d’amitié en présence de hauts responsables du monde de l’éducation. Seule s’est absentée Madame Bahia ariri, Chef de la commission parlementaire d’Education. Madame Hariri, elle aussi, est une femme, mère et soeur. Elle a toujours coopéré avec la Présidente du CRDP pour le bien de l’Education au Liban. Mais... Surprise! Un superbe bouquet de fleurs l’a remplacée!

La Revue Pédagogique

Monsieur Denis Gaillard                              

La Présidente Dr Leila Fayad et Dr Marcelle Khorassandjian

 

Monsieur Denis Gaillard et la Présidente du CRDP Dr Leila Fayad

Allocution de M. Denis Gaillard

Les Palmes Académiques, créées par Napoléon en 1808, constituent aujourd'hui l'une des distinctions les plus anciennes et les plus prestigieuses décernées par la France et comptent parmi les rares distinctions conserves par le Général de Gaulle lors de la création en 1963 de l'Ordre National du Mérite.

Les Palmes Académiques ont vocation à honorer les personnes qui ont rendu ou rendent des services importants dans l'un des nombreux domaines qui relèvent de l'Education Nationale. Quelle plus belle mission en effet que de faire progresser le savoir et la culture, en formant notamment la jeunesse au travers du monde des lettres, des sciences et des arts.

Chère Leila, vous avez commencé à oeuvrer très tôt pour l’éducation et la langue française. En effet, dès l’âge de 19 ans, après 2 années brillantes à l’Ecole Normale de Tripoli où vous avez été major de votre promotion, vous avez exercé la très elle profession d’enseignante de français à l’Ecole Officielle Kfar Aka de El Koura.

C’est ainsi que vous vous êtes dédiée pendant 12 ans à transmettre la langue française, non seulement sa technique mais également les trésors littéraires qu’elle a su produire et les valeurs qu’elle incarne. Parallèlement à cette activité et dans une volonté permanente de parfaire votre formation, promouvant ainsi le concept aujourd’hui incontournable de formation tout au long de la vie, vous avez obtenu votre Licence en Langue et Littérature Françaises à la Faculté des Lettres de l’Université Libanaise, en étant une nouvelle fois major de promotion. Ce brillant parcours universitaire vous a ensuite menée à l’obtention du Doctorat d’Etat en Langue et Littérature Françaises de l’Université Lyon III. Le sujet que vous avez choisi "La condition de la femme dans la littérature française aux XIIIe et XIVe siècles", prouve que l’originalité et la difficulté ne vous effraient point, bien au contraire.

Vous avez ensuite mis vos savoirs et savoir-faire linguistiques, littéraires, didactiques et culturels au service des Facultés des Lettres de l’Université Libanaise et de l’Université de Balamand où, pendant 13 années universitaires, vous avez été une Maître-assistant très appréciée de ses étudiants. En 1998, vous obtenez le prestigieux titre de professeur et exercez à l’Université Libanaise et à l’Université Islamique où vous êtes responsable des unités de valeur de langue, littérature, civilisation et traduction spécialisée.

Votre engagement professionnel permanent, l’excellence de vos activités, la reconnaissance de vos pairs, vos multiples talents et compétences et votre parfaite connaissance du secteur éducatif vous ont ainsi conduit à être choisie pour présider le CRDP en 2001. Fait très significatif de l’excellence de votre parcours, vous êtes alors non seulement la plus jeune présidente du CRDP mais également la première femme à accéder à ce poste, dans un métier pourtant largement féminisé. Votre prise de fonction a d’ailleurs marqué les esprits. Tous les agents ont vu leur présidente parcourir à pied les neuf étages du bâtiment du CRDP afin de venir les saluer les uns après les autres dans leur bureau. La modestie et l’énergie sont d’ailleurs des qualités que les personnes ayant la chance de travailler à vos côtés vous reconnaissent spontanément.

Cette haute responsabilité, vous l’exercez avec beaucoup d’énergie et de talent comme en témoignent les nombreux chantiers que vous avez mis en oeuvre depuis 9 ans dans les domaines de la recherche éducative, de la conception des programmes scolaires, des examens officiels ou de la formation des enseignants. Grâce à votre réseau de 34 centres régionaux et de 15 centres de ressources, votre action et celle de votre équipe s’étend sur l’ensemble du Liban dans des domaines d’une importance capitale comme la formation des enseignants de tous les cycles de l'enseignement pré-universitaire.

Ardente défenseur de la qualité de l’éducation, vous savez, aux côtés des Ministres de l’Education successifs avec lesquels vous allez travailler, mener les chantiers indispensables pour permettre au système éducatif public de voir ses performances s’améliorer. Un des meilleurs exemples de cet engagement est certainement l’ambitieuse réforme des curricula, pour laquelle vous avez su mobiliser un grand nombre d’enseignants et de spécialistes en éducation, dans la perspective d’appliquer progressivement ces nouveaux programmes à partir de la rentrée 2011-2012.

Je peux d’ailleurs témoigner de votre volonté permanente d’assurer une application efficace de ces nouveaux programmes puisque l’Ambassade de France va, à votre demande, accompagner le Ministère de l’Education et le CRDP dans un vaste programme de certification linguistique en langue française des enseignants de cycle 1 et naturellement continuer à proposer, en collaboration permanente avec vos personnes ressources, des formations dans des domains qui vous sont chers comme l’enseignement du français dans une perspective actionnelle, la didactique convergente français – arabe, les projets d’établissement, le français au préscolaire (thème sur lequel nous avons récemment organisé ensemble un séminaire particulièrement réussi) ou les activités extrascolaires au service de l’apprentissage du français.

La France a également eu le plaisir de collaborer avec vous dans le cadre de la mise en place d’un projet du Fonds de Solidarité Prioritaire intitulé "Mise en place d’un dispositif permanent de formation continue des enseignants" financé par l’Ambassade de France et l’Agence Française de Développement. Arrivé à terme en juillet 2007, il aura permis d’organiser un réseau de 203 personnes-ressources de français et en français prenant appui sur des centres de resources répartis sur l’ensemble du territoire.

Et comme vous n’en avez jamais fini avec votre envie de compléter votre formation, je suis heureux de voir que vous avez été retenue pour faire partie du programme de rencontres destinées aux cadres dirigeants de la function publique libanaise en partenariat avec l’Ecole Nationale d’Administration française et l’Institut libanais des Finances, programme qui commence aujourd’hui même.

Vous avez ainsi successivement été enseignante de français, professeur dans le secteur universitaire, auteur d’un dictionnaire arabe - français à destination des élèves. Vous avez rédigé de nombreuses publications, vous représentez souvent le Liban à des conferences et colloques internationaux, et vous présidez aujourd’hui avec énergie et talent ce beau laboratoire d’idées qu’est le CRDP.

Mais c’est avant tout à l’amoureuse de la langue française que nous souhaitons render aujourd’hui un hommage chaleureux, cette langue française qui est le patrimoine commun de la France et du Liban et qui tisse entre nous des liens si exceptionnels et si forts, qui font de nos deux pays – au travers de personnalités telles que vous - deux pays frères par le coeur et par l’esprit ■

La Présidente du CRDP Dr Leila Fayad

Palme Dr. Layla

Madame Marcelle Abi Nader Khorassandjian, Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques

Chère Marcelle, je me suis naturellement interrogé sur cette question et ai dialogué avec un grand nombre de fins connaisseurs de la situation de la langue française, armi lesquels en premier lieu vous, qui connaissez si bien le context scolaire et universitaire libanais depuis la fin des années 1960. Comme les autres spécialistes, vous m’avez immédiatement rassuré avec cette phrase: "Le Libanais francophone a le français dans le coeur, l’arabe dans la tête et l’anglais dans la poche". Vous avez en effet été l’une des premières à percevoir le trilinguisme libanais comme un véritable atout pour ce pays et les faits vous donnent aujourd’hui raison dans un pays perçu par le monde entier, en particulier en Europe, comme un modèle de plurilinguisme don’t il faut s’inspirer.

Titulaire d’un CAPES option enseignement du français à la Faculté de pédagogie de l’Université Libanaise et docteur de l’Université Aix-Marseille en linguistique appliquée à l’enseignement du français, vous êtes une véritable référence dans le domaine de l’enseignement– apprentissage du français.

Nommée dès votre première année d’exercice à l’Ecole Normale d’Achrafieh, ce qui est très rare et significatif de l’excellence de vos années d’études universitaires, vous avez enseigné dans tous les cycles de l’enseignement préuniversitaire, principalement dans le secteur public, pendant 7 années.

Très attirée par la recherche et la formation de formateurs et spécialiste de inguistique appliqué à l’enseignement et de didactique du français, vous avez ensuite connu une brillante carrier universitaire qui vous a permis de découvrir la diversité et la richesse des contextes francophones au Liban : 5 ans à l’Université Libanaise dans un programme de remise à niveau linguistique, 3 années à la Faculté de Pédagogie de l’Université Libanaise, 25 ans à l’Université Saint-Joseph, 13 ans à l’Université Saint-Esprit de Kaslik, 5 années à l’Université Arabe de Beyrouth et 3 ans à l’Université Islamique.

Votre relation avec l’Ambassade de France a toujours été très forte. En 1967, sur 80 candidats libanais, vous étiez la première sélectionnée pour le premier stage organisé  à l’Ecole Normale Supérieure de Fontenay Saint-Cloud par le Centre de Recherche et d’Etudes pour la Diffusion du Français, le célèbre CREDIF. Dès 1969, avant la création du CRDP, vous étiez ensuite associée à trois inspecteurs français pour la production d’un manuel scolaire de français. Vous avez ensuite toujours été une  partenaire de premier plan des projets de coopération éducative franco-libanais menés par le BAL, la BCLE, puis la CLE du SCAC, acronymes barbares pour les non spécialistes mais que vous connaissez mieux que quiconque. Cette relation privilégiée, vos compétences reconnues par tous et votre activisme francophone  permanent vous ont valu d’être décorée Chevalier puis Officier dans l’ordre des Palmes académiques en 1985 et en 1996.
Vos nombreuses publications expliquent également cette légitime reconnaissance de la France. Citons par exemple «L’enseignement du français dans le cycle secondaire  au Liban», «La langue française au Liban», «Essai d’analyse des erreurs de français en milieu arabophone», «L’avenir des langues étrangères au Liban, le cas du  français», «L’impact de l’interactivité en situation d’apprentissage multimédia» ou, très récemment «Le français au préscolaire au Liban, état des lieux».
Au titre de chef de Département de langue et de littérature françaises au Centre de Recherches et de Développement Pédagogiques, vous avez, de 1975 à 2010, dirigé les  travaux de rédaction de plus de 30 manuels de français pour toutes les classes du primaire au secondaire.
Persuadée que l’apprentissage linguistique est une compétence transversale et constitue l’épine dorsale de tous les apprentissages, vous n’avez cessé de vous impliquer  dans les projets de réforme des programmes nationaux et supervisé les plans nationaux de formation des enseignants de français.
Ce dynamisme et cette implication n’ont jamais été pris en défaut et votre dernière année de carrière au CRDP l’a prouvé de manière éclatante. Entre le programme de  formation sur la didactique convergente français-arabe, les commissions de réflexion sur les épreuves aux examens officiels, votre organisation du futur programme de certification linguistique à l’attention des enseignants du cycle 1, vos interventions au séminaire sur le cadre européen commun de référence pour les langues, au  colloque des professeurs de français du monde arabe et au séminaire sur le français précoce au Liban, vous n’avez jamais cessé de promouvoir un enseignement de  qualité de la langue française. 
Je devine d’ailleurs, que votre retraite sera très active et que l’éducation et la langue française resteront au coeur de vos préoccupations.
En effet c’est en grande partie grâce à la francophonie scolaire qui, avec 600 000 élèves scolarisés dans des établissements francophones, constitue le socle de la  présence de langue française au Liban.
Je suis donc très honoré, Chère Marcelle Abi Nader Khorassandjian, de vous faire, au nom du Ministre de l’Education nationale, Commandeur dans l’ordre des Palmes académiques ■

 

Allocution de la
Présidente Dr. Leila Maliha Fayad

Dr. Layla Maliha Fayad  Palme Dr. Layla Maliha Fayad

Le monde s’achemine vers une ère où il n’existera, sur terre, que quelques grandes cultures, exprimées par quelques langues, qui animeront des civilisations diverses.
“ Léopold Sédar Senghor ”

 

C’est avec une joie sans mélange que je vous accueille tous, ce matin, pour recevoir cette médaille qui m’attend depuis longtemps.
Les rapports que j’entretiens avec la francophonie et l’enseignement du français au Liban remontent à bien loin dans mon passé d’enseignante et de professeur. J’ai  toujours considéré que la connaissance et la pratique de la langue française de la part des élèves libanais représentait un atout majeur pour leur avenir. Et cela reste vrai  aujourd’hui. 
Actuellement, le Liban se dirige lentement et sûrement vers un trilinguisme actif pour chacune des trois langues en présence. Pour un anglophone de formation, connaître et  pratiquer le français représente un plus, socialement et professionnellement. Un francophone de formation peut, parce qu’il a pratiqué le français, avoir plus facilement  accès à l’anglais. Le français joue là, un rôle médiateur pour l’acquisition des langues autres que l’arabe. La francophilie fortement ancrée dans les traditions libanaises est,  en réalité, répandue partout. Elle existe dans la masse; elle n’est pas le fait d’une élite uniquement concentrée dans les grandes villes.
Bien sûr, un effort doit être concédé pour que cet état de choses perdure et nous avons sans cesse eu la Coopération française à nos côtés pour faire bénéficier le système  éducatif libanais de projets pédagogiques qui vont tous dans le sens du développement du français en tant que langue vivante et langue d’enseignement.
Durant les années 90, la Coopération française a énormément collaboré avec le CRDP par le truchement de ses inspecteurs généraux pour aider à la rénovation des  curricula, pour un très grand nombre de disciplines.
A partir de l’année 2001, la coopération française a beaucoup fait pour jeter les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui le projet national de formation continue. Les 200 personnes ressources qui en font partie ont bénéficié pendant plusieurs années d’un programme de formation de formateurs, au Liban et en France, auprès d’un personnel  de haute qualification dépendant de plusieurs instituts universitaires français de formation des maîtres; sans oublier que c’est aussi à l’aide française que nous devons les  six médiathèques existant dans les principaux centres de formation continue. Nous espérons que la France restera toujours auprès de nous au fur et à mesure que ce  projet de formation grandit et se développe.
Il y a encore tant à faire… Surtout que la rénovation des curricula est de nouveau en marche puisque le cycle 1 de l’Education de Base s’est vu doter d’un nouveau  programme actuellement en cours d’expérimentation dans plusieurs école privées et publiques. 
Des manuels scolaires adéquats devront suivre. Quant aux curricula des autres cycles de l’Education de Base, ils vont bientôt être revus. 
Le chantier est vaste et nous souhaitons examiner avec la coopération française les modalités d’une éventuelle collaboration à ce niveau.
Il n’en reste pas moins que le nerf de la guerre et l’enjeu essentiel de la présence du français au Liban résident dans le fait que l’enseignement de cette langue doit être  dispensé par des éléments dont la compétence en français parlé et écrit doit être irréprochable d’où l’urgence d’implémenter un projet de perfectionnement linguistique des  enseignants, de français et en français, dans le secteur public.
Nous souhaitons vivement que ce projet voie le jour et qu’il se situe à l’échelle nationale c’est- à- dire qu’il offre cette formation à des enseignants disséminés dans toutes  les régions du pays. Nous accordons beaucoup d’importance à cette opération et le CRDP fera tout ce qui est en son pouvoir pour jouer un double rôle d’opérateur et de  médiateur auprès des différents organismes concernés au sein du Ministère de l’Education et de l’Enseignement Supérieur en vue de donner à ce projet les plus grandes  chances de réussite. 
On le voit, le champ d’action de la francophonie au Liban est vaste, mais ensemble nous y arriverons. Vue sous cet angle, je peux dire que cette médaille, je la reçois  aujourd’hui comme un gage et une promesse, la promesse qu’à l’avenir nous devons être appelés à unir constamment nos efforts. Il y a encore beaucoup à faire mais il y a  tout à gagner et pour le Liban et pour la France ■

 

 

Allocution de Dr. Marcelle Abi-Nader Khorassandjian

Dr. Marcelle Abi-Nader Khorassandjian   Palme Dr. Marcelle Abi-Nader Khorassandjian

C’est avec beaucoup d’émotion et de joie que je reçois cette distinction aujourd’hui. Je vous remercie, Monsieur le Conseiller, pour l’honneur que vous me faites. Je  voudrais ensuite adresser mes remerciements à tous ceux qui, de près ou de loin, m’ont aidée à accomplir ma tâche depuis 1967, depuis cette année-là où j’ai été invitée à  participer aux travaux du groupe de Recherche en Linguistique Appliquée, le GRLA, situé dans l’actuelle cité Gabriel Bounoure au sein de l’Ambassade de France. Qu’ils soient remerciés en premier ces trois coopérants français qui m’ont fait bénéficier de leur expérience en matière de pédagogie du Français. La didactique du Français  langue étrangère en était à ses balbutiements au Liban et on organisait en grande pompe cette annéelà, à l’École Normale de Bir Hassan, le premier stage audio-visuel du  CREDIF.
C’est aussi grâce au GRLA que je suis entrée dans le monde de la rédaction des manuels. Quand le CRDP commença ses activités en 1973, le GRLA avait déjà produit, en  coopération avec la direction de l’enseignement primaire du MEN, quatre ensembles pédagogiques pour les quatre premières années d’apprentissage du Français. En 1973,  le CRDP prenait le projet en mains et l’étendait à toutes les années et disciplines d’enseignement et ce fut l’aventure du livre Scolaire National. Entre 1973 et 1985, au  Département de Français dont je remercie tous les membres passés et présents pour la solidarité, la confiance dont ils n’ont jamais cessé de faire preuve à mon égard.  Nous avons produit et publié plus d’une vingtaine d’ensembles pédagogiques entre la 1ère année préscolaire et la dernière année du secondaire. Et le chantier reste toujours ouvert puisque les curricula revus et corrigés pour le premier cycle de l’Education de Base sont en voie d’être ratifiés par les décideurs et que les documents  préparatoires pour l’élaboration de nouveaux manuels pour le cycle 1 sont prêts. 
Soyez-en remerciée Madame la Présidente du CRDP. Je pars tranquille car vous êtes là, à votre poste, si ardente au travail et si infatigable… Vous êtes et resterez  toujours pour moi le symbole de l’espoir en des lendemains meilleurs. Pour ce qui est de la participation aux activités de formation du CRDP, j’étais là au plus fort de la  bataille pour donner avec Monsieur le Chef du Bureau de Formation des Maîtres, M. Nizar Gharib, le coup d’envoi à ce projet qui, depuis, ne cesse de croître et de prendre  de l’importance, à savoir le projet de formation continue des enseignants du secteur public.
Je pars et, en même temps, se profile à l’horizon un projet qui m’est cher depuis longtemps, celui d’assurer le perfectionnement linguistique des enseignants de Français.  Une convention va être signée avec la coopération française. Elle concerne les enseignants du cycle 1 du secteur public.
Je terminerai sur une réflexion qui m’est devenue chère depuis quelque temps et que je voudrais partager avec vous: je me suis souvent demandée pourquoi – depuis le  jour où mon père, à qui j’avais fait part à ma sortie du BAC de mon désir d’entreprendre des études en lettres arabes, m’en avait dissuadée en faveur des lettres françaises  – je n’ai cessé depuis lors de me demander pourquoi, quel sens cela avait, de s’accrocher comme je l’ai fait à une langue qui n’est pas celle de mes ancêtres. Et puis un  jour, je ne sais plus à cause de qui, ni quand, ni où, ni comment, j’ai commencé à comprendre, j’ai fini par comprendre quelque chose: que l’on soit né à Londres ou à Calcutta, toutes les cultures se valent, il est vrai, mais quelle que soit la langue-mère, même quand elle est particulièrement représentative de la culture universelle  contemporaine, on a besoin de s’en libérer. Au nom de la vérité. Pour voir de temps en temps le monde à travers d’autres lunettes que celles que nous prête notre propre  culture. Et c’est ce qui se produit quand l’apprentissage de la langue seconde est bien fait. C’est seulement à ce moment-là que le pays peut avancer.
Laissez-moi vous dire, Messieurs qui représentez ce matin pour nous la France, que vous aussi vous y gagnez quelque chose dans l’aventure libanaise. Car vous aussi,  comme les autres, avez constamment besoin de vous libérer de votre propre culture. Le Liban vous fournit justement cette opportunité car il représente un de ces pays où  on peut, à tout moment, remettre en question ce en quoi on croit, ce pour quoi on vit ou on combat ■

 

Allocution de son Excellence Monsieur
le Ministre Dr Hassan Mneimné

Le ministre Dr. Hassan Mneimné

La double circonstance qui nous réunit aujourd'hui est, pour nous, encore une fois, l'occasion de manifester les liens d'amitié qui nous rattachent à la France. 
Depuis plusieurs siècles, nos deux pays entretiennent des relations privilégiées. La législation qui régit notre système éducatif en témoigne puisque le français est enseigné  chez nous depuis la maternelle jusqu'à l'université et, chose encore plus rare parmi les pays francophones, les textes en vigueur prévoient, pour cette langue, un même  nombre d'heures que pour l'arabe. Par ailleurs, le français est langue d'enseignement pour les matières scientifiques. Bien le connaître et bien le pratiquer constitue donc un  atout majeur dans la réussite aux examens officiels qui ouvrent les portes des universités. 
C'est pour toutes ces raisons que nous apprécions particulièrement toute initiative qui permet de motiver nos éducateurs et nos enseignants à continuer la lutte pour  inculquer à nos générations d'élèves et d'étudiants, la langue française, vecteur de culture mais aussi voie d'accès aux connaissances et aux savoirfaire scientifiques.
L'initiative que le gouvernement français a prise de décorer aujourd'hui Madame la Présidente du CRDP, docteur Leila Maliha Fayad ainsi que l'une de ses principales  collaboratrices, docteur Marcelle Abi Nader Khorassandjian, spécialiste de l'enseignement de la langue et de la littérature françaises, cette initiative est précieuse pour  nous: elle montre combien vos services de coopération et d'action culturelle mettent leur confiance et leurs espoirs dans le Centre de Recherche et de Développement  Pédagogiques, qui, à travers les deux médailles reçues aujourd'hui, se voit honoré et reconnu dans ses efforts de promotion du français dans tout le système éducatif  libanais.
Nous souhaitons que la cérémonie d'aujourd'hui soit le prélude à une collaboration franco-libanaise encore plus riche que par le passé, que ce soit au plan de la rénovation des curricula, de la formation continue des enseignants ou de la production de documents pédagogiques au service de l'enseignement–apprentissage du français.

En matière d'éducation au Liban, tant de projets restent à réaliser, tant d'efforts doivent être consentis pour assurer l'égalité des chances à tous les élèves libanais sans  aucune distinction. Les chantiers sont ouverts et nous faisons appel à vous pour qu'ensemble, nous soyons partenaires afin d'essayer de relever le niveau de  l'enseignement au Liban, tout en conservant au français son rôle actuel dans le système éducatif Libanais ■